Il y a tous ces mots

Il y a les mots plats, les mots creux, les mots aux sonorités sensuelles, sexuelles, érotiques, pornographiques. Il y a les mots qui nous transportent, qui nous insupportent, qui nous transforment. Il y les mots doux et les mots durs. Ceux qu'on aime entendre, susurrés au creux de l'oreille et ceux qui déchirent l'intérieur de nos entrailles. Il y a les mots las et les mots qui sont là. Il y a les mots d'amour et les mots de haine. Les mots pourpres, avides de sens et ceux qui puent la rengaine. Il y a les mots des politiques et ceux du peuples, souvent divergents d'ailleurs.

Il y a les mots de cet homme emprisonné depuis 15 ans, et ceux de sa femme qu'il lit à chacune des lettres qu'il reçoit d'elle. Il y a les mots de cette petite fille qui veut faire des poèmes pour sa maman partie trop tôt. Elle aimerait tellement qu'elle soit fière d'elle, à travers ses maux. Il y a les mots de cet homme au front, parti bien trop tôt, bien trop jeune, qui communique par courrier avec sa famille qui lui manque terriblement. Il y a mes mots, les tiens, les siens, les leur. Tous ces mots se ressemblent mais sont à la fois tendrement différents. Il y a les mots qui font mal et ceux qui font du bien. Il y a les mots. Toujours les mots, de toutes les langues, toutes les nationalités, toutes les patries. Il y a tous ces mots non exploités. Il y a tous ces mots qui rêvent d'égalité, de liberté, de fraternité. Il y a tous ces mots bateaux et banals que l'on se coltinent chaque jour. Dire «  bonjour » à son patron,demander comment va le chat de la voisine, prendre des nouvelles de sa tante partie vivre en Nouvelle-Zélande. Il y a tous ces mots qui régissent l'Univers. Il y a tous ces mots qui nous gouvernent et que nous ne savons plus utiliser. Tous ces beaux mots échoués sur le rivage des possibilités.

Il y a tous nos maux.