Immaturité?

divina-bonitas

Témoignage

Mon petit Scorpion vient de fêter ses 20 ans. J'entends encore certains enseignants évoquer son immaturité. Ces souvenirs me font grincer des dents.


Hier, mon garçon me dit qu'il va rentrer tard, il a une réunion avec des personnes à haut potentiel intellectuel. Il me raconte ensuite la souffrance de ces gens bien plus âgés que lui (entre 35 et 60 ans), lesquels tournent en rond sur eux-mêmes, peinent à avancer et se faire entendre, trouver leur place dans la société, nouer des relations amoureuses, disent se lasser très vite de la moindre activité, vivre douloureusement, se bourrent de médocs, cumulent les conduites addictives, se sentent idiots de n'avoir que 140 de QI quand d'autres ont 145...


Alors il leur a expliqué ce qu'il faisait lui en tant que précoce pour être bien dans sa peau en plus de ses études: du sport à haute dose, de la guitare, des rencontres multiples, des expériences professionnelles inédites - il a passé 3 mois cet été à vidanger des fosses septiques, a évoqué son chemin spirituel depuis l'enfance, comment il fallait s'adapter aux autres, comment s'ouvrir au monde, à la culture, comment multiplier les activités quand une ne suffit pas, comment il est difficile de faire le tour de l'apprentissage de la musique malgré des années de conservatoire, comment ceux qui ont plus de facilités d'apprentissage peuvent utilement aider des jeunes de milieux défavorisés en faisant du soutien scolaire bénévole, comment faire brancardier à Lourdes est une expérience enrichissante...


Je lui demandai s'il allait retourner discuter avec ces gens. Oui me répondit-il, il est intéressant de comprendre le mal-être d'autrui, de voir comment les aider.


Tout me revient en mémoire, quand à 7 ans il a été voir la directrice pour dire le mal-être de son camarade qui voulait se poignarder, quand il est revenu un jour en disant que la maitresse était dépressive et avait besoin d'aide, quand il allait prier pour que le mari de la prof principale guérisse de son cancer, ou pour celle de physique dont la détresse psychologique faisait que la moyenne de classe était de 5/20 et après qu'elle ait voulu le gifler.

Et je me souviens que toute sa scolarité il a entendu qu'il ne devait pas se soucier de ses camarades qui avaient des soucis ou de mauvaises notes, qui pleuraient, étaient punis, privés de sorties, de jeux...que ce n'était pas son problème et qu'il devait se "concentrer" sur ses devoirs.


Est-ce de l'immaturité que de se soucier des autres et de vouloir les aider? N'en faut-il pas pour se mettre à la portée d'autrui quelque soit l'âge de cet autre, son milieu social, son parcours et son QI? Pour cette lucidité: "Papa et toi m'avez toujours soutenus et je me suis toujours senti compris à la maison. Elle est là la différence. Eux n'ont pas eu cette chance".

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