Inès et Crayola.

Je feuillette un ELLE que ma mère a oublié la semaine dernière sur le meuble TV. Je ne lui ai pas rendu, j'ai trouvé qu'il faisait bien dans la déco. Y a Inès de la Fressange en couverture. Je suis assise en tailleur sur le canapé, j'attends une amie qui doit passer me prendre d'une minute à l'autre. J'ai remis du rouge, trois gouttes de Shalimar derrière les oreilles et au creux de la gorge. Je porte une marinière de garçon, un jean troué et des baskets à fleurs.

Et là, je souris. Je souris, je me mets à rire parce qu'elles sont passées ici avant moi. Sur le visage d'Inès, sur le visage-papier glacé de la fille Narcisso Rodriguez, celle qui ressemble à un ange avec ses tresses blondes mais qui lève le menton dans une moue pas possible. Blam. Crayonnage sauvage et coloré. Bien fait, t'avais qu'à sourire. Et toi, Inès. Trop parfaite. Toi et tes filles parfaites qui s'étalent sur « pourquoi maman est trop parfaite ». Coup de bleu coup de vert sur tes dents éclatantes. Ca (c)rayonne dans ma poitrine. Ce sont mes filles qui sont parfaites.

Quand elle ouvre la porte, je suis assise en tailleur dans le canapé, magazine sur les genoux, marinière de gamin, jean troué et lèvres vermillon. Je souris avec les yeux, la bouche, la poitrine et même y a des larmes qui brouillent le paysage et elles sourient avec le reste.

« T'es belle comme ça. Je voudrais prendre une photo. »

Ca ferait tache dans un ELLE pour sûr. Mais j'adorerais que vous me refassiez le portrait à coups de Crayola.