Ivolution

Thomas Cock

Communiqué de presse du 19 février 2024 en direct de la conférence de presse de Steve Jobs, Los Angeles, Californie.

Après dix ans d'absence, ses premiers mots furent : « Ce qui a vraiment failli me tuer, c'est de voir Ashton Kutsher jouer ma vie. » et d'ajouter « ce qui ne te tue pas te rend plus fort ! ».

- Comme vous vous en souvenez, après que mon cancer du pancréas ait failli m'emporter, je me suis retiré de la direction d'Apple pour me consacrer à un projet secret, quelque chose de plus grand. déclarait Steve avec un léger rictus.

- En 2013, quand j'ai failli y rester, une équipe de blouses blanches, à partir de fibroblastes, des cellules présentes notamment dans la peau, a réussi à recréer en laboratoire les cellules souches de mon cerveau. Mon équipe a d'abord obtenu un embryon de cerveau sur 4 millimètres, équivalant à un cerveau de deux mois, neuf semaines exactement. Des images emplissaient la salle de l'équipe de chercheurs procédant aux différentes étapes de la reconstitution du cerveau.

- C'était une première étape encourageante. Nous n'avons pas réussi à me ressusciter cette fois-là ; le cerveau n'a pas dépassé le stade embryonnaire. Au bout de maintes autres tentatives sur différents organes ainsi que sur les reproductions de conditions de gestation en laboratoire, nous sommes parvenus à faire un bond en avant. Produire une grossesse artificielle. Sur un organe d'abord. Un foie. Ça n'a été qu'une question de temps ensuite pour qu'à partir de cellules souches, nous nous mettions à recréer les organes les uns après les autres. Et que finalement nos couveuses artificielles donnent naissance à un cerveau bébé. Ce cerveau arrive maintenant à l'adolescence et les essais de câblage informatiques sont enfin arrivés à terme, c'est-à-dire à des résultats, des résultats que je qualifierais de stupéfiant.

Dès 2015, dans l'espoir que le cerveau continue à prospérer comme tout indiquait qu'il le ferait, nous nous sommes attelés à recréer in vitro l'entièreté des organes qui compose l'être humain... Y compris le cœur. Ajouta-t-il. Nous pouvons aujourd'hui affirmer que nous maitrisons la technique nécessaire pour recréer n'importe quel organe à partir d'une cellule souche. Nous pourrons comme vous l'avez compris à terme créer des clones parfaits mais il n'est pas question de ceci pour l'instant. Il est toujours impossible à l'heure actuelle de recréer le corps humain dans son entièreté.

Mon projet réside sur un tout autre système que celui que nous connaissions jusqu'à présent. Toutes les rebellions entreprises ces dix dernières années pour défaire le système étatique ont échouées parce que les systèmes autonomes ou parallèles que proposaient les dissidents étaient trop faibles voire inexistants pour accueillir un nouveau mode de vie. L'alternative aux systèmes communs, il ne faut pas avoir fait Science Po pour le savoir est le système individuel basé sur le système d'assurance personnelle.

On souscrit à une assurance personnelle, s'engageant à consommer une quantité prédéterminée d'eau, d'énergie, gaz, électricité...C'était en somme, très simple: si on dépasse les quotas, on paye, si on respecte les quotas ou qu'on est en dessous, on est remboursé. Une manière de s'engager individuellement pour un plus grand respect mutuel.

A long terme, on aurait même pu imaginer d'appliquer ce fonctionnement à l'alimentation, au travail et bien d'autres domaines si le système n'avait pas échoué et entraîné comme on l'a vu en Chine une vague de délation suivie d'une vague de violence.

Le désir d'égalité sur une durée de vie inégale ne marchait pas, du moins, il était inférieur au désir de profiter un maximum des ressources de la Terre sur l'espace et le temps qui nous est imparti. Ce qui change radicalement avec notre hôpital. Notre hôpital sera médical et commercial, un système à lui seul, une banque de données où tout le monde pourra déposer ses cellules souches et se voir garantir la sécurité de guérir de n'importe quelle maladie et même du vieillissement, une assurance pour tous de l'immortalité.

Je n'en croyais pas mes oreilles, c'était prodigieux, ça dépassait l'entendement. On ne parlait plus de communication, de technologie, de biologie, de chimie ou même de physique, c'était de la métaphysique.

Les théories du TOUT affirment que les parties ne sont pas capables de concevoir le tout. Par exemple, si nous concevons l'histoire de l'homme comparée à celle de l'univers, l'homme ne représente qu'une minuscule partition et qui plus est de passage seulement, éphémère à l'échelle de l'univers, même pas une heure sur une année. Alors quel aura été le but de toute cette mascarade?

-L'évolution. répondit un étudiant dans la salle.

- Juste! L'évolution. L'évolution et la génétique sont deux constantes universelles. Tout l'univers est composé de gênes en perpétuelle évolution. Alors nous sommes en mesure de nous demander si nous avons vraiment compté dans l'histoire ou si nous n'étions que des moyens de transports, des montures pour les gênes qui eux traversent l'homme de générations en générations comme ils ont traversé ses précédentes espèces et traverseront ses prochaines. Si on accepte qu'il y ait une prochaine espèce à l'homme et pour ça de la créer ou plutôt d'y contribuer. C'est d'ailleurs sans doute une des raisons de la mortalité ; l'immortalité bloquerait l'évolution. Du point de vue scientifique, l'immortalité stagne. 

Cette clinique sera le premier garage de l'humanité où changer les pièces de notre corps. Littéralement changer de peau, de foie, de poumons, de cœur, de cerveau.

-Mais est-ce que vous n'êtes pas en train de piper les dés! De fausser ce qui fait de nous des êtres humains en vous prenant pour Dieu? Qui plus est, de nouveau, je ne comprends pas en quoi nous solutionnons les problèmes démographiques, la pénurie de ressources, la surpopulation, le manque d'espace, en allongeant l'espérance de vie, vous faites tout le contraire.

-Absolument pas. Quand je vous disais que nous n'étions que des moyens de locomotion pour la vie, qu'on pouvait échanger absolument tout chez soi, c'est vrai dans le sens inverse aussi, on peut par exemple transplanter son cerveau et son cœur dans un corps tout neuf. C'est non seulement le premier pas vers l'humanoïde, un humain en perpétuelle évolution mais aussi l'avènement du clonage.

Dans quelques années, nous pourrons grâce à vos investissements, aux progrès de nos cellules, de nos corps et de nos cerveaux, cloner absolument tout. Nous sommes déjà capables de pourvoir à la crise alimentaire grâce au clonage animal et végétal mais bientôt nous serons en mesure de cloner les éléments, l'eau, la terre, l'air, la planète, le climat, le soleil, le système solaire et même l'Univers.

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