J'ai 17 ans et au lieu d'écouter Justin Bieber, j'écoute The Rolling Stones!

Valentin Robillard

Au panthéon des albums du rock'and'roll, Sticky Fingers côtoie Ziggy Stardust, The Dark side of the moon ou encore Abbey Road. Sorti en 1971, le quatrième album studio des Rolling Stones s'impose comme un album majeur dans leur discographie et dans l'histoire du rock. Il avait tous pour réussir: d'abord la pochette devenue culte fait par Monsieur Andy Warhol qui montre la braguette (première provocation!) de l'acteur Joe Dallesandro, protégé de Warhol. C'est que les Stones ont su comme d'habitude bien s'entourer: Keith Richards et Mick Taylor (remplaçant de Brian Wilson) laisse la six cordes aux mains et aux doigts de Ry Cooder sur Sister Morphine. Aux travers des 10 chansons de l'album, dont la composition est signée par le duo Jagger/Richards, on peut aussi entendre la saxophone de Bobby Keys, le piano de Nicky Hopkins (ayant collaboré avec les Beatles, les Kinks et les Who) et l'orgue de Billy Preston (qui participera aussi a Exile on Main Street).

Ayant enregistré aux États-Unis tout ce beau petit monde nous offre un album plutôt bluesy débordant de tubes (je sais c'est pas très rock and roll!). L'ouverture (de la braguette?) se fait avec le sulfureux Brown Sugar: sulfureux autant pour ces paroles relatant directement l'histoire d'une esclave noire devenue joujou sexuel de ses maîtres et indirectement les effets de l'héroine que pour le saxophone endiablé de Keys. Les inspirations blues se retrouvent avec You Gotta Move reprises des bluesmen Fred Mcdowell et le reverend Gary Davis. Deux autres standards issus de l'album doivent beaucoup à Marianne Faithfull qui partageait à l'époque des déboire conjugales avec Jagger: d'abord Sister Morphine écrite par la chanteuses anglaises connaissant bien le sujet. Ensuite Wild Horses où cette fois, Jagger brosse le portrait de sa petite amis de l'époque.

Le reste de l'album n'a rien a envié aux standards. Sway où le talent du nouveau venu Taylor à guitare s'exprime merveilleusement. Bitch véritable chanson stoniennes où riffs percutant s'accompagent de paroles provocatrices, marque de fabrique du groupe à la langue. I got the blues et Moonlight Mile, deux ballades qui montrent que les Stones assurent désormais dans ce domaine. Sans oublier la réjouissante chanson-fleuve Can't You Hear Me Knocking et la légèrement country Dead Flowers (dont Townes Van Zandt a fait une reprise glaciale pour la bande-originale du Big Lebowski des frères Coen).

Encore une fois, ceux que l'on appelle aujourd'hui les dinosaures du rock frappent fort avec ce Sticky Fingers que l'on peut écouter d'un bout à l'autre sans risquer une retombée de la qualité musicale. Un album qui serait idéal à écouter en conduisant un pick-up rouillé sur les routes mythiques des États-Unis! Sticky Fingers confirme le talent des Rolling Stones après leur premier chef-d'œuvre Beggars Banquet et qui fait présager le cultissime Exile On Main Street.

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