J'ai comme un doute
veroniquethery
Je ne sais pas ce que j'ai. Je fais une crise. Rien de physiquement douloureux. Mais, quand même. C'est bien ennuyeux. Voilà, je vous explique. Je souffre de zététique chronique.
Hier, au restaurant, le serveur me demande ce que je veux. Je suis sûre de moi : un pavé de bœuf, accompagné de frites, de tomates généreuses et de jolies feuilles de salade. Mes compagnons font leurs choix, et, tandis que je les écoute distraitement, survient LE doute. Et si, à la place, je choisissais une truite saumonée ? Mes papilles salivent. Oui, du poisson ! Non, la chair tendre de la viande ! Le poisson ! Au final, j'ai commandé des moules marinières.
Au dessert, c'est certain. Un chocolat liégeois. J'imagine déjà la glace mêlée à la chantilly et à la sauce onctueuse. Puis, mes yeux se portent sur la table voisine et, de nouveau, je le sens en moi s'immiscer. Et, si je me trompais ? Imaginez le drame ! Gâcher un repas par un mauvais choix de dessert. Cette fois, impossible de me décider. Alors, telle Salomon devant le bébé pleurnichard, j'opte ! Pour un café gourmand. Salomon, sacré roublard celui-là ! Il a bien trompé son monde durant des millénaires. Vous ne le savez sans doute pas, mais lui aussi était incapable de trancher. A quelle mère donner le bébé ? Malheureusement, à l'époque, on n'avait pas encore inventé la garde alternée. Sinon, Salomon, vous ne sauriez même pas qui c'est.
Vous trouvez tout ceci bien vide de sens ? Je vous vois venir ! Eh bien, vous avez tort ! Regardez ! Aristote lui même disait que tout choix était un « drame ». Et Corneille, hein ? C'est du pipeau ? Sans oublier le vieux William incapable de trouver une réponse à son « to be or not to be ? ».
J'ai eu le même problème ce matin. Pire que Rodrigue devant sa vengeance. Il y a avait moi, dans ma salle de bains, me demandant quelle couleur de vernis choisir pour mes ongles de pieds ! Bleu Caraïbe ou bleu électrique ? Il fallait que je choisisse, alors j'ai prié Dieu. Lui, c'est quand même un big boss du choix. C'est Celui qui a su dire « fiat ! ». C'est quand même dingue ! Aucune voiture n'allait voir le jour avant des millénaires et, lui, tout de suite, à cette aube du monde, il savait déjà quelle voiture il voulait ! Moi, franchement, ça m'en bouche un coin. C'est pour ça que Leibniz disait que la différence entre Dieu et l'homme, c'est cette capacité divine de faire un choix.
En même temps, Dieu n'était pas marié. Donc, il n'avait pas à choisir entre épouse et maîtresse. C'est bien connu, c'est le diable qui porte des cornes. Pourtant, il n'est jamais passé à l'église celui-là. Donc, le pauvre gars, il est cocu sans être marié ! Si ça, c'est pas l'enfer !
Vous voyez où ça me mène ces hésitations ? Et encore, ce n'est pas fini. Ma prof de piano m'a donné deux morceaux de Satie à travailler cet été. La 1ère gymnopédie et la 1ère gnosienne. Par laquelle débuter ?
Dieu n'ayant pas daigné me répondre, je me suis dit que le vernis de la religion avait décidément bien coulé. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir,
Pour m'aider, puisque Dieu n'a pas daigné me répondre et que Nietzsche a dit qu'il était mort, j'ai décidé de me tourner vers ses confrères. Un philosophe, spécialiste du dilemme, voilà qui pourra m'aider. Je pense immédiatement à Descartes, mais un type qui dit de douter de tout n'est sans doute pas le plus à même pour me conseiller sur mes tergiversations. Je me suis donc tournée vers Paul Ricœur, dont l'une des premières œuvres s'intitule « Philosophie de la volonté ». Et là, je tombe sur les fesses en lisant ceci : « : « Hésiter à faire, et ce faisant, se faire ». Soudain, je comprends. Les philosophes, ce sont les Père Fouras des intellos. Au lieu de parler clairement, ils tournent autour du pot. Et pourquoi ? Savez-vous pourquoi leurs pensées sont aussi labyrinthiques ? Parce qu'ils sont incapables d'aller directement à la Vérité. Ils hésitent, eux aussi, entre mille et un chemins. En clair, ils sont aussi perdus que nous tous quand il s'agit d'entamer le refrain dans ce chant des possibles qu'est la vie.
Savoir que les types les plus intelligents du monde se demandent, chaque matin, quelle cravate ils vont porter m'a ôté toute culpabilité. J'hésite, donc je suis ! C'est ma nouvelle philosophie ! Ça, j'en suis certaine !
"J'hésite, donc je suis !" très bon final. Sinon le tirage au sort, c'est pratique aussi :)
· Il y a plus de 9 ans ·breinmilliner
Ah oui, le tirage au sort ! Mais, que choisir ? Le dé ? Un pile ou face ?
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Là le cas est désespéré, je le crains :)
· Il y a plus de 9 ans ·breinmilliner
Mdr ! Heureusement que c'est une fiction ! Quoique... LOL
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
"L'Hésitation est la forme la plus noble de l'Humilité."
· Il y a plus de 9 ans ·Proverbe Astrovien (début du XXIe siècle) qu'il faudrait mettre en sujet du bac philo l'an prochain.
astrov
Moi, j'ai passé la bac il y a un moment. Celui de 10h10 pour aller au marché
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Difficile de ne pas douter surtout quand on tient pour faux ce qui ne peut pas être absolument vrai. Dans le doute, abstenez-vous ! Depuis que je ne mets plus de cravate, ça va beaucoup mieux.
· Il y a plus de 9 ans ·erge
Oui, dommage ! Moi, j'adore les hommes qui portent une cravate ! C'est tellement sexy.
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Faut s'y connaitre en noeuds !
· Il y a plus de 9 ans ·erge
LE nœud gordien ! Encore un doute !
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Encore un doute à la mords-moi le noeud !
· Il y a plus de 9 ans ·erge
Ca donne envie de philosopher !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu