J'ai décidé d'avoir du flegme

praline

Paraîtrait-il que je suis trop impulsive, que je sors vite de mes gonds, bref que je suis une vraie tornade. Et bien, bonne résolution de ce printemps, jai décidé d'avoir du flegme, de me maî-tri-ser.

Ca tombe bien, en zappant frénétiquement un soir de chance où j'avais enfin dans les mains non pas le graal mais la télécommande, je suis tombée sur la chaîne Zen TV. Je l'ai certainement depuis des mois, mais il faut dire que tous les programmes susceptibles de m'intéresser s'inclinent gentiment devant les feuilletons préférés de ma tribu à savoir tous les feuilletons de Disney Chanel, Austin et Ally,  les sorciers de Waverly Place, Violetta et cie. Sans oublier les films du mardi soir sur Gulli qui m'ont fait louper les meilleurs moments de mon doc préféré.

Ce soir c'est le moment, les loulous sont couchés, mon homme est au judo. J'ai une bonne 1/2 heure devant moi pour faire les exercices de relaxation de la chaîne. La gentille voix féminine du programme me demande de visualiser un endroit qui me fait sentir bien, de respirer calmement, de relâcher tous les muscles de mon corps. Ouh je suis bien là, je suis à la plage, le soleil caresse mon visage, j'entends l'océan et... Maaaamaaaaan.

Après avoir rassuré ma petite dernière sur le fait que non, ce n'est pas grave si elle a un petit peu mal quand elle plie son auriculaire, je me rallonge sur le tapis et retourne sur mon île paradisiaque et... me fait lécher l'oreille par mon golden-retriever qui a l'air de se demander ce que je fais allongée par terre et surtout ce que je fais allongée sur sa place attitrée.

Bon je rends les armes. C'est pas grave, c'est dans la vie de tous les jours que je vais appliquer les excercices de méditation, de self contrôl. Et tous mes proches vont reconnaître mon flegme digne de la reine Elizabeth en personne.

Première étape très réussie, puisque le lendemain, dans le train qui m'emmène vers mon travail passionnant, je me fais littéralement assomer par les sacs à dos de quelques jeunes collégiens qui passent dans l'allée à toute berzingue. Je reste très calme,  je regarde la dame en face et lui dit : "c'est la fougue de la jeunesse, il faut les excuser." Même moi, je m'épate.

Peu après dans la rue, je me fais insulter par un homme d'affaires dans une grosse berline parce que j'ai osé traverser le passage piéton et que Monsieur était sûrement très pressé de martyriser ses sous fifres. Et comme arme redoutable, je lui affiché mon plus beau sourire. Ah ça fait du bien d'être flegmatique ! En plus c'est très classe.

Arrivée au bureau, Karine la nouvelle arrivée pistonnée sois dit en passant, m'accapare comme tous les matins pour me débiter des âneries et des méchancetés sur tous les autres collègues à un rythme effrené. Et là, je ne sais pas ce que j'ai mal appliqué dans les leçons de maîtrise de soi, je l'ai regardé avec des gros yeux et  je lui ait dit sur un ton pas très flegmatique : "Ecoute, ce que je veux maintenant, là tout de suite, c'est que tu ailles dans ton bureau, que tu poses tes grosses fesses sur ta chaise et que tu fasses enfin le travail pour lequel tu es payée ! Je ne veux plus entendre tes ragots de sorcière sinon je pense que je vais t'encastrer entre le mur et la peinture !"

Je n'ai peut-être pas assez de flegme mais ce que l'on ne pourra pas me reprocher, c'est de ne pas avoir de flair. Je l'ai tout de suite vu moi, que c'était une vrai connasse !

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