J'ai écrit sur mon bras droit que tu viendrais bientôt...

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Une photo comme toutes les autres, me direz-vous ? Peut-être pour vous. Probablement pas pour moi.

Ce bref instant, là immortalisé, c'est toute une histoire, en fait, mais elle serait trop longue à vous conter ce soir. Il me reste ce jour-là, telle une étincelle qui se pose sur votre peau, une étincelle qui ravive doucement ce que vous avez désiré enfouir là, derrière les travaux, derrière les failles, derrière la carapace. Je pense que vous comprendrez.

Je n'allais pas très bien. Mon homme s'en était rendu compte. Alors il imagina une surprise, rien que pour moi, un moyen de me changer les idées, et laisser ce sourire réintégrer mon visage.

Je suis montée dans la voiture sans savoir combien de temps nous allions rouler, ni même connaissant la destination. Nous avons ainsi roulé sous le brouillard épais et déprimant, roulé contre ce bitume sale et terne, jusqu'à sa rue, après deux heures d'autoroute. Je suis sortie, un peu sonnée, elle m'a fait de grands gestes de la fenêtre tandis qu'il allait chercher un ticket à l'horodateur. J'avais envie de pleurer, là, tout de suite. Sans raison, sans trop savoir pourquoi.

J'ai eu ce sourire timide, lorsqu'elle a ouvert la porte, et c'était trop d'émotions, car je ne me souviens plus très bien, de tout, des détails, vous savez. Cela m'a fait tant de bien, toutes ces mélodies autour de nous, et les rires, les verres de vin, les clins d'œil, de même que ces innombrables « tu te souviens ? » qui faisaient naître de futures rides sur nos visages. Lui aussi semblait heureux, quelques grammes de malice dans le creux des yeux, là, entre deux regards.

Nous avons colorié nos mèches rebelles, du rose, du violet, du bronze, encore, et encore, et encore, comme deux adolescentes désinvoltes, victimes d'une douce insouciance insolente. Dans les rues, quelques heures plus tard, dans un bar, et la chantilly du chocolat viennois sur le haut des lèvres... 

J'étais – je crois - au-dessus de tout, légère et ravie de la voir avant qu'elle ne s'en aille à des centaines de kilomètres d'ici. Qu'importent ma tristesse et cette distance terrible si tu trouves les réponses là-haut, Princesse. On en a traversé, des galères, des coups durs. On sera toujours plus fortes, ne l'oublie pas... tout du moins, je crois.

Les jolies choses ayant toutes une fin, il a donc fallu partir, fermer doucement la porte sur le cliché qui, un jour, serait rongé par les années.


« Elle ne marche pas, elle vole.
Elle flotte dans l'air comme un ange à qui on n'a pas appris à marcher. »

Tu te souviens ?

C'est valable aussi pour toi, Princesse...


Au retour, j'ai préféré laisser les phares rouges m'éblouir un peu, laisser la nuit tomber sur ces petites larmes qui s'acharnaient à glisser sur mes joues, laisser s'échapper les soupirs, loin de moi.

Quant au passé qui défilait dans le rétroviseur, je l'ai laissé partir...

... jusqu'à la prochaine fois.

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