Je suis au Paradis – Thomas Fersen

lise-rose

Une série de contes pour grand enfant sage me donne le tournis. Je devrais frémir de peur, je frémis de plaisir.

Grand-Place de Bruxelles - 24 septembre 2011 – Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Je suis tout près de la scène. Trois heures que j'attends, excitée à l'idée de le voir. J'ai pourtant passé l'âge d'être une groupie. Il aura droit à deux chansons, pas plus. Je me creuse la tête pour savoir lesquelles il va choisir. J'ai toujours aimé les contes. Peut-être qu'il ouvrira le placard de Barbe Bleue ou qu'il fera surgir un squelette. Je sais par contre laquelle il n'osera pas chanter sur cette place aux façades ornées d'or. Un jeune homme m'aborde pour me demander pour quel artiste je viens. Il me colle de trop près. Il sent trop la bière. J'ai envie de lui dire qu'il devrait avoir un œil caché sous un bandeau, il semble être aveugle, je suis centenaire. Mais je me tais. Sa réplique risque de me décevoir. Je préfère penser que c'est une sorte de Dracula qui m'aide à calmer mon impatience. La RTBF couvre l'évènement. La présentatrice nous explique que le groupe électrogène vient de rendre l'âme. Tout est différé le temps de résoudre le problème. Dans la pénombre, j'espère de toutes mes forces qu'il nous chante les loups-garous à coup de ukulélé. Les mots se mélangent dans ma tête. Il est assis sur un tabouret. Devant une foule interloquée, il soulève son chapeau et commence. Je dois avouer que je me suis trompée, il ose. L'excitation devient plaisir puis extase …. « Je jouis, je jouis,… » (9)

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