Je vois
Stéphan Mary
Je vois la place effervescente. Je vois Didier et ses chiens qui défèquent partout dans le gazon. Je vois Madeleine pousser lentement le landau autour de la fontaine. Je vois un couple enlacé assis sur le banc en pierre. Je vois le ciel bleu azur, le soleil chaud et rayonnant. Je vois Thiéfaine passer en tenant sa baguette. Je vois le flot de voitures s'arrêter au feu rouge. Je vois un bout de mer derrière l'arsenal militaire. Je vois Mohamed et Fathia entrer dans l'immeuble. Je vois une discussion déchaînée entre deux jeunes hommes. J'entends des bribes d'engueulades entre deux klaxons. Je vois une voiture de police. Je ne te vois pas.
Les lampadaires donnent vie aux ombres. Là un quidam s'arrête pour allumer une cigarette. Deux filles court vêtues se dirigent vers la rue des putes. Des militaires américains chantent à tue tête l'hymne national en tenant à bout de bras des sachets en papier dans lesquels sont dissimulées les bouteilles d'alcool. Ils vont eux aussi dans la rue des putes. La lune est pleine et ronde, distribuant des zones de clarté dans la nuit. Didier est toujours là avec ses chiens. Il est assis. Il attend. Quoi ? Il n'a jamais sû me répondre. Je t'attends mais tu n'arrives pas.
La nuit se déchire avec ses lambeaux d'aurore. Le soleil pointe à l'horizon mais la lune sera là pour la journée. Les mouettes arrivent du large devançant les chaluts. Elles crient au rythme de l'aube naissante. Je vois une fille appeler au secours. Je vois un homme derrière elle qui marche vite. Il faut que j'appelle la police. Je vois un des jeunes d'hier dormir sur la pelouse.
J'entends un bruit d'arme à feu. Je vois l'autre jeune d'hier partir en courant un fusil à la main. Je vois le premier jeune couché, une tâche de sang sur le tee-shirt. Je vois les pompiers qui tentent de le réanimer. Je vois la civière, le drap qui recouvre totalement le corps Je vois un début d'attroupement. Je vois tout ça mais je ne te vois pas. Je crie je t'aime. Le cri se perd. Tu ne viendras pas.
Urbain moderne quotidien, nickel
· Il y a presque 11 ans ·Christophe Paris
Merci à double titre : que tu sois passé par là et laissé un commentaire. Le choix des quatre mots comme commentaire. Laconique et très efficace, je vois qu'il n'y a pas d'indifférence. Je vois qu'il n'y a pas de contre sens. Je vois deux fois merci
· Il y a presque 11 ans ·Stéphan Mary
Non pas laconique, juste à la bourre ! 0 indifférence sinon j'aurais rien écrit, et je lis toujours avec acuité si possible.
· Il y a presque 11 ans ·a peluche.
Christophe Paris
Donc triple merci
· Il y a presque 11 ans ·A peluche peluche et...épluche
Stéphan Mary
Donc... il n'y a pas d'autre auteur que l'expérience vécue, y compris la mort du jeune
· Il y a presque 13 ans ·Surtout la mort du jeune
Or donc...
Stéphan Mary
Moi aussi ça m'a fait penser à un atelier..mais ceux ci se basent souvent sur des styles retrouvés chez l'un ou l'autre auteur, donc...
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
Sans sucre alors ,)
· Il y a presque 13 ans ·Stéphan Mary
Lu. ça me rappelle un jeu d'atelier d'écriture. c'est ce qu'on appelle un petit noir serré :)
· Il y a presque 13 ans ·flolacanau
Merci Seb.
· Il y a presque 13 ans ·Stéphan Mary
Exact ! erreur corrigée. Merci
· Il y a presque 13 ans ·Stéphan Mary