Jeanne la pucelle

Comme tout le monde le sait ou l'ignore, Jeanne était bergère de son état. Elle passait ses journées dans une langueur sans stimuli à regarder, sans les voir, paître ses moutons qu'elle comptait inlassablement et le temps s'écoulait à la lenteur du sablier. Jeanne, comme chacun des enfants simples, ne savait pas lire et les bandes dessinées n'existaient même pas, elle avait donc rien pour canaliser ses rêveries incessantes. Si bien que la réalité et l'onirique se confondaient grave dans sa tête comme ses moutons avec les nuages. Pour occuper son temps trop libre, elle répétait ses katas et apprenait le maniement de l'épée et du casse-noix. Elle n'avait aucun mérite à n'avoir pas encore été engrossée à son jeune âge, car le pâtre le plus proche était trop loin, trop vieux et bien trop moche.

Dans son monde romantique, elle s'inventait des amours féeriques et des destins au-dessus de sa pauvre condition. Elle se voyait tutoyer les Grands de son monde et danser avec le dauphin.

Un jour où le brouillard faisait la grasse matinée sur les près, elle eut une vision, une apparition, un mirage 2000. Non, pardon, ça c'est pour Soubirous, dans une autre histoire, nous, notre Jeanne ne fit qu'entendre des voix. Les voix lui dirent : « Jeanne, mon enfant, lève une armée et va bouter sur-le-champ les Anglais hors-champ de notre belle France ! »

-         Qui me parle, mon Dieu ?

-         Lui-même en parole, pour te sortir un peu de ta langueur chronique. Fais-moi ce petit plaisir, douce enfant, va massacrer jusqu'aux derniers, ces bouffeurs de panses de brebis farcies !

-         Ouais ! Chouette idée, my God ! Pourquoi ne l'ai-je eu moi-même ?

-         Attend, tu n'es qu'une simple bergère aussi, faut pas déconner non plus. De plus « Ô, my God ! » est le Dieu des Anglais, moi je suis «  Ô, mon Dieu ! » des Français et « Ô ciel, mon mari ! » celui des cocus, faut pas tout confondre. La simplicité n'excuse pas la bêtise !

-         T'inquiètes mon Dieu, je me suis entraînée à donf ! Je suis fin prête, le reste n'est qu'une simple formalité. Je n'en ferai qu'une bouchée de tes Roastbeefs. Tayaut, sus à l'ennemi qui pue !

La petite Jeanne revêtit l'armure qu'elle s'était confectionnée dans du carton recyclé et son arc en bandoulière, son Opinel à la ceinture, elle enfourcha son gros  Patoutou pour partir au combat. Sur le long chemin qui allait la mener jusqu'aux English, elle fit de temps en temps du stop pour être prise dans des charrettes à foin ou à bestiaux. Partout elle ne rencontra que soutient de la plèbe et certains se joignirent à elle dans sa quête de la guerre sainte. Elle était partie seule de Domrémy, la pucelle, mais arriva seule sur le bûcher à Rouen.

Pour la petite histoire un comité féminin de protestations fit grand bruit à l'époque. Il s'élevait contre le fait qu'on brûla indistinctement, sorcières et saintes avec le même bois. D'où naquit l'expression « mélanger les torchons avec les sorcières. »

Je vous prie d'excuser ma réduction de l'histoire de Jeanne d'Arc, mais on n'a pas toute la journée à lire les divagations divinatoires de cette pucelle, non plus, quand même, merde à la fin !