Fauré, Nocturne n. 5 in B flat major, op. 37
Assise sur ses genoux, il a lancé :
— Pourquoi t'es aussi blanche ?
Pas envie d'être jetée dans une case, alors j'ai fixé la paume de mes mains avant de prononcer :
— Pas blanche. Rose.
Et ça l'a fait marrer.
Il a dit :
— J'ai pensé à ton cul hier soir. Mais pourquoi t'es aussi blanche ?
Plus pâle encore, je n'ai pas bronché. Il a pointé mon corps du doigt :
— Toi, t'es trop bonne pour ne pas être conne.
Sa poésie dépassait mon entendement. Certainement.
Au milieu de la nuit, il s'est montré violent. Pas avec moi, avec un objet fin. On s'est disputés. Pour des conneries insignifiantes. Mais peut-être à cause de notre amour impossible aussi. J'ai quitté le milieu hospitalier sans nouvelles de lui.
Les heures brûlantes dans les garages froids et les nuits tardives dans les escaliers sombres. J'ai tout découvert de lui. Plus qu'à faire semblant de ne pas savoir.
Là, je devais me mettre dans la peau de quelqu'un.
Son regard m'a touchée quand nous nous sommes vus. Il a effectué ces gestes que j'avais tant imaginés. Seule, cette guêpe était imprévue. Il a fait de gros yeux, ça m'a fait rire.
Il a dit :
— J'ai des soucis.
J'ai dit :
— De quel type ?
Il a baissé les yeux.
— Je perds la notion des choses.
J'ai demandé :
— À cause de la drogue ?
Il a répondu :
— C'est plus compliqué.
J'ai dit :
— Tu préfères pas le soleil ?
Il a fait mine de boire son verre.
J'étais vraiment malade de lui.
J'étais vraiment malade de l'avoir idéalisé pendant les trois années suivantes.
J'étais vraiment malade d'avoir pensé à lui tous les jours de ces années-là.
J'étais vraiment malade de reprendre contact avec lui.
Sur internet cette fois-ci.
Il m'a adressé un message :
— T'es pas morte ?
J'ai dit :
— Je ne pense pas. Je crois que tu me manques…
Il m'a dit :
— Alors t'as vraiment envie de l'avoir dans la bouche ? Ou mieux encore, dans ton cul…
J'ai dit :
— Non, c'est pas vraiment ça.
Il a dit :
— T'es complètement folle.
J'ai dit :
— Non, c'est pas ça.
Mais il avait raison. J'étais vraiment folle, vraiment malade.
J'étais vraiment malade d'aimer quelqu'un comme lui.
Une histoire extra, mais ordinaire, tant de moments perdus à chercher quelque chose :)
· Il y a environ 8 ans ·Bizarrement très sensuel, j'aime cette franchise déconcertante.
Alain Cattiaux
Un coup de plume, et le passé se couche sur une page... Merci chaudement pour votre commentaire :)
· Il y a environ 8 ans ·jenna
Du bukowski dans un champs de fleur.
· Il y a plus de 8 ans ·Ton texte est incroyablement doux malgré sa férocité (et avec la musique ça passe bien).
slive
Très belle image. Il y a quelque chose de rude et de délicat dans cette histoire en effet. Cette remarque me touche beaucoup.. Merci à toi ! :)
· Il y a plus de 8 ans ·jenna
Parfait
· Il y a plus de 8 ans ·louve-blanche
Woow.. Merci beaucoup ! :)
· Il y a plus de 8 ans ·jenna
La passion n'a, parfois, pas de raison !
· Il y a plus de 8 ans ·J'aime beaucoup votre texte Juliette !
Louve
Elle n'a jamais de raison à mon sens...
· Il y a plus de 8 ans ·Merci :)
jenna
Mais bien sûr, où ai-je la tête ! Passion = déraison.
· Il y a environ 8 ans ·Louve