Jeunes ou vieux

A une époque, y avait des gens, beaucoup de jeunes, y avait des trains en partance, j'étais dans un de ces trains, toute gaie, toute jolie paraît-il, c'était une de mes plus belles périodes de ma vie. Mais y en aura d'autres, je le sens. De la poussière sur les rails et mes souvenirs, ma vie passe, je ne compte pas les années ou si peu, je ne suis pas du genre à me presser, je suis comme ça, impression de pouvoir vivre toute une vie encore jusqu'à l'ultime souvenir où rebondir encore et encore.

Avant, après n'existent pas, je vis dans un présent, un passé semi éternel, plus de plan sur la comète, c'est signe que j'ai grandi, mûri, j'ai du plomb dans la tête, enfin peut-être... Oui, je pense. J'ai planqué toutes ces photos pour ne pas pleurer, je ne plane plus. Je n'étais pas non plus un aigle qui surplombait les vallées et les hauts plateaux ocres chauds d'une Amérique si sauvage et si convoitée. Aujourd'hui est un autre jour...

Plonger dans la mer, un océan de rêves, d'espoir, découvrir les mois, les années avec un oeil nouveau, contempler les étoiles avec un nouveau regard, et redescendre sur terre quelques fois fois encore.

Y avait des gens, y avait des jeunes, beaucoup, j'étais parmi ces jeunes, pas plus vieille qu'eux en apparence. Ma vie rimait avec bonheur, rires et chansons, quelques pas de danse aussi sur le sol du Vatican, je voulais que ça reste un rêve, seulement un rêve mais c'était mieux que ça. Je ne le comprends que maintenant, et ça fait tellement longtemps. Envie de pleurer soudain, j'aurais pu chercher à rester plus longtemps,  j'ai été victime, prisonnière d'un rêve "à durée limitée". Quelle horrible expression!

ça fait longtemps que je n'ai pas pris le train, des rires résonnent dans ma tête, ceux des jeunes et moins jeunes, des gens que j'ai connus ou pas connus. Les rires sont des perles qui sortent des bouches d'une jeunesse éternelle en fait, celle de tout un chacun. Que l'on soit jeune ou vieux ...