Jeux de je suis

Jeux de je suis

je suis la mauvaise herbe
quand je pousse
entre la pluie la boue
je pousse
je tisse
quand on m’écrase
je m’adapte
je rampe un peu plus
quand on me bouffe
il me reste la racine
cette espèce d’organisme à la fois externe
interne
gorgée de terre d’eau
visitée par les vers
je palpite dehors et dedans
comme une machine sans fin
une énergie en boule
captant le moindre signes
s’irradiant d’un rayon de soleil
jusqu’à la chaleur du dessous
je pousse
sors
rentre
on me crache dessus
je prends
laisse le lendemain m’essuyer
me  laver des langues sales
je revie encore
en demi teinte
dans le crue comme dans le cuir
je résiste
je respire l’air du présent
il m’arrive de me demander
pourquoi je suis la mauvaise herbe
pourquoi pas pâquerette
pourquoi pas une fleur de cactus
belle d’un jour
toucher en quelques milliers de secondes
la culminance intense et rapide
moi je suis depuis longtemps
j’ai connu dix mille lunes
j’ai ausculté tous les angles
au bistouri en profondeur
je ne sais pas encore tout
chaque jour le ciel change
les surprises pleuvent
parfois me noient
et je crache
expulse le mal
et encore et encore
mes yeux brilles
comme une mécanique huilée constamment
je m’écarquille
je croque
grignotes les jours et les nuits
je suis la mauvaise herbe
on a cru me tuer d’une flèche en plein cœur
mais je l’ai arraché
avec les dents
avec sueur
ca a fait mal
mais c’était hier
une nouvelle lune
aux postures équivoques
je souris
mes dents se pâment
dans l’ivresse d’être simplement
je danse dans l’espace
dans mon alcôve
nourri d’un jour de plus
avec l’envie du lendemain

l’animelle