Johnny Got His Gun

Hervé Lénervé

« Johnny s'en va-t-en guerre. » C'est un film sympa, pour les détails voire le Net. Moi, je raconte l'histoire.

C'est l'histoire d'un mec qui explose sur une mine en 14-18.

On ramasse les morceaux et on les expédie à l'hôpital militaire. Les chirurgiens ne conservent que le tronc et la tête sans visage. Pour le mettre dans un lit avec des tuyaux de partout. Mais on est en 14-18, il y en a qui ne servent à rien, c'est juste pour faire moderne.

Monsieur Tronc reprend ses esprits et découvre progressivement avec horreur, l'état de son triste état. « Putain, je n'ai plus de jambes ! Putain, je n'ai plus de bras ! Putain, je n'ai plus de bouche, plus de dents, plus de tête, alouette ! Plus rien ! Sinon un sexe. Putain ça file un coup de blues !

L'autorité militaire affirme qu'il est décérébré.

Monsieur Tronc ne voit pas, n'entend pas, ne sent pas, ne parle pas, mais il pense. Mais à quoi pense un homme qui n'en est plus un ? A son passé, pardi.

A l'emprunt et la casse de la canne à pêche de son père qui était son bien le plus précieux. Il pense à sa jeune et jolie fiancée et il pleure sans larme, car il n'a plus d'yeux.

Mais en même temps que défilent ses fantasmes en couleur, la vie, en noir et blanc, à l'hosto, continue. Une infirmière doute de l'inconscience de monsieur Tronc, elle s'est prise de pitié pour cet être martyrisé. Elle le lave et oh, miracle, il sent sur sa peaux l'eau tiède et des doigts qui le caressent, il bande. L'infirmière par charité le soulagera. Explosion de couleurs, sur l'écran. Alors, qu'on est dans la réalité.

Puis, l'infirmière s'aperçoit que monsieur Tronc cogne son tuyau d'alimentation sur le montant du lit en remuant son reste de tête. SOS... SOS... SOS... c'est bon, on a compris, c'est du morse. L'infirmière a bien fait d'apprendre le morse chez les marmottes des Scouts de France, ça marche aussi pour les films américains.

Elle en alerte l'autorité militaire qui ne prend pas en compte les propos d'une simple infirmière.

Elle déchiffre, sur ses heures de repos, le message de monsieur Tronc : « S'il vous plait. Tuez moi. S'il vous plait . Tuez moi, s'il vous plait. Tuez... » c'est bon, on a compris. 

C'est touchant, aussi décide-t-elle de l'étouffer avec un oreiller. Mais elle est interrompue par la police médicale qui la prive de ses droits civiques pour pratique illicite de l'euthanasie et le film s'arrête ainsi, laissant monsieur Tronc dans son lit, à attendre la mort qui, comme Madeleine, ne viendra pas.

Ce film noir représente le désespoir à le toucher, je ne le conseille pas aux personnes dépressives promptes à se suicider.

  • Ce film fait partie de mes films préférés. Un film sur la stupidité de la guerre et de la violence sans aucune violence dedans. Un chef d’œuvre réalisé par Dalton Trumbo en 1971 issu de son propre roman. Il faudrait le projeter dans les écoles à l'instar de nuit et brouillard, mais ce n'est que mon avis !

    · Il y a 10 mois ·
    Gaston

    daniel-m

    • un avis que je partage. Ca fait deux avis, qui nous suit ? :o))

      · Il y a 10 mois ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • On est mal barré ! :o)

      · Il y a 10 mois ·
      Gaston

      daniel-m

  • Au moins il a gardé l'essentiel, le reste étant superflu.

    · Il y a 10 mois ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

    • L'intégralité est essentiel, la vie accessoire. :o))

      · Il y a 10 mois ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Mon commentaire était, disons, bien moins philosophique.

      · Il y a 10 mois ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

  • triste affaire ... et tronc et tronc petit patatronc j'ai pas écrit étron hein!

    · Il y a 10 mois ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

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