Just a Perfect Year

commeellevient

Résumer une année en chansons est aussi aisée que de parler augmentation à son patron. Il va falloir se faire comprendre et ne pas choisir n'importe quoi comme titre...

Pour certains, la vie c’est comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. La différence avec la musique, c’est qu’on se sent maître de son royaume. Roi du bourdonnement frénétique qui se doit de faire danser les abeilles de nos cages à miel. Une année de fureur mélodique à résumer dans une playlist Spotify. C’est aussi simple que de choisir au hasard le chocolat sur lequel on veut absolument tomber…


Alors que les photos de l’année défilent en fond d’écran, je chausse mon casque et me plonge dans cette année musicale. Au sortir des fêtes de fin d’année et de son exaltation familiale, on a toujours eu l’envie de s’imaginer partir loin, partir juste tous les deux. Revivre la plénitude de ce bonheur kiwi de trois semaines, de visiter la totalité des 4000 îles des baies du Queen Charlotte Sound. Se sentir à nouveau seuls au monde, que l’on voit encore une fois toutes ces choses qui avaient fait sauter nos pensées périmées…


Pendant que j’étais perdu dans mes pensées, j’ai eu la sensation de m’égarer au fin fond d’une inquiétante forêt. Plus le temps passait, plus le pays au long nuage blanc me semblait loin. Je sentais mon corps qui frissonnait, s’écroulait comme abandonnées de ses forces. Misses… Ou plutôt seule ma moitié pouvait m’aider à me sortir de ce fucking fog.


Les mauvaises nouvelles nous éloignant d’un beau trip à l’autre bout du monde s’amoncelaient. À ce moment-là, cette playlist ne sonnerait pas mieux qu’avec le titre de Loser song. Mais, il était évident, que malgré cette accumulation d’ondes négatives, il était de notre devoir de garder sur nous un gros sourire.

Le cœur léger, le printemps à la fenêtre, la Bretagne dans les poumons, des ballades sur la côte de Granit Rose main dans la main, sans se soucier du vent, de la pluie, des gens… J’avais envie d’être là en permanence à te regarder, envie de vivre le monde à tes côtés, en étant capable un jour de tout balancer pour tout recommencer la tête à l’envers… Je veux être à toi comme je le suis et le serai demain.


Reboosté par l’iode marin, il était temps de vivre aux côtés des neveux les premiers souffles sur les bougies symbolisant le temps qui passe. Elles sont loin ces années, où l’insouciance et la seule motivation de prendre du plaisir prenaient le pas sur tout le reste. Il est loin ce temps où jouer avec des petites voitures en métal dans sa chambre pouvait prendre autant de temps que celui pour terminer GTA de nos jours. Parfois dans les yeux pleins d’étoiles des enfants, j’ai l’impression d’y voir encore le Kids que je suis.


Ce même enfant qui aimait, plus que tout, les semaines de vacances en bord de mer. Même les 9 heures de voitures qui séparaient Dijon du Pays Basque semblaient plus courtes que 2 heures de cours de physique. Encore une fois, les premiers bonheurs simples sont ceux qui me reviennent en tête en premier. L’odeur des pins à la descente de la voiture, le bruit au loin des rouleaux qui s’écrasent sur le sable, les frites grasses et trop salées mangées à même la barquette en plastique, les déhanchements sur de la musique plus que moyenne pour impressionner les filles, la traditionnelle et annuelle remontée de la rue commerçante de Saint Jean de Luz pour ramener, comme chaque année, des espadrilles aux couleurs basques.


Et puis, comme chaque année, on essaie de prolonger cet état de plaisance maximale en se persuadant que l’été durera jusqu’en octobre. Jusqu’à ce que cette année, un loup rouge se décide pour se faire la malle. Jamais je ne me suis senti hyper proche de la musique de Lou Reed ou du Velvet, mais elle tient une place importante dans mon cœur. Alors qu’après avoir écouté Flower of Scotland, Dionysos, Louis Armstrong, partagé des émotions puissance tsunami avec celle qui venait de devenir ma petite femme, le Perfect Day de Lou Reed nous accompagna pour ouvrir la soirée devant nos invités.


Sa disparition, c’est un peu de cette journée magique qui nous est revenue en pleine tête. Et plutôt que d’être triste et de pleurer sa disparition, on a eu une autre idée. Si la Nouvelle-Zélande ne sera pas à la carte 2014, on ira faire un tour dans la Grosse Pomme pour voir si Coney Island est comme dans la chanson de monsieur Reed. Une chanson qui donne, là aussi, l’envie de se balader main dans la main, sur la plage face aux montagnes russes et de passer du temps à regarder loin vers l’horizon. Histoire de voir ce que réserve l’année prochaine…


En tous les cas, en attendant, on danse le calypso…

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