Là-bas

Là-bas les enfants se courent après comme les chevaux sur la plage. Ils ont les cheveux longs des vacances d'été et le visage pain d'épice d'un soleil qui a trop chauffé. Leur mère en vieux tablier aident les hommes aux foins, y a peu de choses qu'elles pourraient faire pour se rendre belles. Leur beauté est naturelle comme l'eau de la source qu'on maintient frais dans les amphores séculaires. J'en ai une dans ma chambre qui me rappelle mon grand-père paternel et sa gentillesse avec les enfants, un jour son coeur s'est arrêté de battre m'a-t-on dit, il revit chaque fois que je pose un regard sur ces vieilles photos en noir et blanc mais pas que...

Là-bas les enfants portaient des chaussettes blanches au crochet, je faisais partie de toute une marmaille qui allait à l'église le dimanche matin. Comment faisait-on pour comprendre deux langues à la fois se demandait-on? ça fait partie des miracles de la vie et de l'amour des siens. Familles nombreuses, dispersées ça et là dans un monde fou, fou, fou. Comment faisait-on pour ne pas flotter en l'air me demandais-je? Je me suis rappelée le phénomène de l'attraction terrestre. Heureusement que j'ai appris tout ça pour trouver une paix intérieure. Manger les spaghettis avec une cuillère et surtout pas les couper avec son couteau, couvrir ses épaules à l'entrée des églises même pour les touristes, enlever les coquilles des amandes en famille en écoutant les histoires de la tante qui a peur de grenouilles, on s'en allait toujours juste avant les vendanges retrouver nos cartables d'écolier.