La belle et le poteau laid

suzan-comfort

La belle et le poteau laid.

 

Une jeune bergère, pucelle éprise de boue,

Aux confins délaissés, se rasait dans son trou.

Aspirant aux vies dures, elle aimait la vallée,

Rêvant de la grosse ferme d’un homme pour l’habiter.

Un fermier bien monté, plutôt bouc et mi-cerf,

Une mère pour dédain, lui enfant solitaire,

En risée des copains cassant le poteau laid,

Eructait à dessein, qu’un jour, il les aurait !

La belle, privée de père, comme vaincue, pleine d’épines,

Lui, tel l’amer, l’avide, toujours aux orphelines.

A trop s’emboucaner, il subodorait fuir.

Elle, lasse de transhumer, le laissait pressentir.

Si bien qu’un beau matin, aux faveurs des bourgeons,

Quand le dard sent l’essaim et qu’on se dit bourdon.

Vint le laid en amont et la belle en aval,

Et là, juste au milieu, ce fut le festival !

Moralité : quand, à la rosée, certains consentent,

Et qu’au petit dèj’, acculés, l’envie vous tente,

Femmes, laissez-vous donc combler, et le cervidé

A jamais, comme le laid, n’osera se sauver.

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