La biche du Sapt

Jean Claude Blanc

                          La biche du Sapt

En ouvrant mon volet, qui donne sur le pré

Encore ébloui, de soleil inondé

Je l’ai bien repérée, près de mon châtaigner

Une biche gracile, en silence paissait

A levé son museau, sûrement étonnée

Qu’on vienne la déranger, en ce matin d’été

Ma maison isolée, pas souvent habitée

La gazelle sauvage, en est restée prostrée

Comment vous la décrire, cette petite fée

Fiérote, élancée, les oreilles aux aguets

M’a zieuté un instant, mais jamais effrayée

A replongé son nez, dans son champ de rosée

Voulant pas l’inquiéter, suis resté sans bouger

Perché à ma fenêtre, je l’ai bien observée

Avidement broutait, à rythmes saccadés

Sa frêle petite queue, sans cesse s’agitait

J’étais dans mon bon jour, sûrement bien levé

Moi qui ai l’habitude, de jouer les brimés

La vision d’une sirène, au pelage mordoré

Suffit à apaiser, mes humeurs passées

C’est vrai, qu’elle était belle, sa robe immaculée

Une danseuse étoile, aux guiboles effilées

La douce demoiselle, mais gourmande à souhait

D’une branche qui pendait, s’en remplit le gosier

J’avais gorge serrée, en contemplant l’azur

Priais assidument, pourvu que cela dur

C’était pas la télé, mais réelle aventure

Ces bêtes qu’on dit sauvages, bien souvent nous rassurent

Soudain dans les fourrées, les genêts s’agitaient

Une ribambelle de faons, autour d’elle, sautillaient

De petits nouveaux nés, imitaient leur maman

Suçotaient des brindilles, tout en se prélassant

Les petits garnements, n’ayant jamais assez

Venaient téter son pis, juste pour se régaler

On a besoin de sa mère, quand on n’est pas bien grand

Pour le moindre souci, on la tire par le pan

Une espèce de cabot, s’est mis à aboyer

Inquiète la bichette, alerte, s’est redressée

Pour sauver sa nichée, très vite a déguerpi

Ainsi finit mon rêve, j’en demeure ébaubi

JC Blanc            janvier 2013

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