La cinéphilie.

arthur-roubignolle

Une maladie incurable : la cinéphilie.


C'est le docteur Mabuse, de Dusseldorf qui, pour la première fois a mis en évidence les premiers cas de cinéphilie.

En 1939 il repère un premier cas de cinéphilie avancée. Le sujet, un norvégien de 25 ans passe son temps à regarder des films de Murnau, puis des films de Fritz Lang et se refuse à visionner des comédies légères.

Il fonde d'ailleurs un ciné-club à Oslo, où l'on projette « Nosferatu » en boucle.

Le sujet finit par se suicider...

Ensuite, la cinéphilie se propage très rapidement dans le monde et se divise en plusieurs branches, toutes aussi contagieuses les unes que les autres.

La cinéphilie Bergmannienne étant une des plus virulente. Elle plonge le sujet dans une sorte de coma éveillé, la victime ne voit plus les choses qu'en noir et blanc et en longs plans fixes où il ne se passe rien...

Cette forme de cinéphilie est particulièrement désocialisante. Le sujet finit par s'isoler et meurt dans une atroce solitude, victime d'illusions auditives qui se traduisent sous forme de cris et chuchotements persistants...

La seule survie possible pour ces malades est donc de rester enfermés dans des cinés-club avec d'autres bergmaniens...

Mais en France, dans les années soixante, un virus modifié de la cinéphilie, appelé Godarisme fait des ravages lui aussi... (avec une forme à peine atténuée : le Truffeauisme.).

Ce virus sévit principalement dans les milieux intellectuels, les catégories sociales dites "populaires" semblant être vaccinées contre ce fléau et préférant les films de Bourvil et de Louis de Funès.

Le sujet atteint de Godarisme aiguë parle de façon bizarre, exemple : « Le cinéma, ça ne doit pas être du cinéma. En tout cas, ça doit montrer que la vie, ce n'est pas du cinéma, et que le cinéma, ce n'est pas la vie ! » *

Les malades atteint de cette forme de cinéphilie aiment particulièrement les dialogues du style : «  Ça va toi ? - Oui, enfin non, ça ne va pas ! - Et pourquoi ça ne va pas ? - Ça ne va pas parce que j'en ai marre qu'on me demande si ça va ! - Ah d'accord, alors dans ce cas la prochaine fois je te demanderai si ça ne va pas - Oui, et je te répondrai à ce moment que ça va bien.» (Et à ce moment du film, on voit le réalisateur et son équipe technique qui entre brusquement dans le champ de la caméra et qui crie « Coupez ! ».)

C'est bien sur fait exprès, c'est pour bien montrer au spectateur qu'il s'agit de cinéma, et non de la réalité...) (Mais pour les Godariens, l'existence c'est du cinéma aussi, mais sans en être vraiment, je ne sais pas si vous saisissez la nuance ? C'est subtil !)


En fait, il faut bien comprendre que derrière ces dialogues en apparence insipides, se cache un message profond. Et les gens atteint de cinéphilie passent leur temps à essayer de décrypter ces messages, certains en font même des livres.

Mais une des caractéristique essentielle du cinéphile est qu'en allant au cinéma, il ne se distrait jamais. Le cinéma pour lui, c'est du sérieux.

Mettez un cinéphile dans une salle où on projette « Astérix et Obélix contre César », pendant que toute la salle s'écroule de rire, vous le verrez réfléchir profondément, essayant de trouver un sens aux images qu'il visionne.

Mais la plupart du temps, il prendra une attitude désapprobatrice et jettera des regards de commisération autour de lui...

D'ailleurs, au bout d'un quart d'heure il quittera la salle  pour se réfugier dans un cinéma d'Art et d'Essai où l'on ne passe que des films à petit budgets sans aucun effets spéciaux...


Les cinéphiles guérissent rarement de leur maladie.

Un centre de recherche médicale a essayé de projeter à un groupe de cinéphiles « La Grande Vadrouille ». Aucun d'eux n'a rit !


Les cinéphiles sont donc condamnés à regarder des films très longs où ça parle beaucoup (ou des fois pas du tout) et où il n'y a aucune action. Et de préférence des films en noir et blanc avec de longs plans fixes sur le visage des acteurs qui, à ce moment, soudain, ne disent plus rien et regardent fixement la caméra. Encore une fois, c'est pour bien montrer au spectateur qu'il s'agit de cinéma, et non de la réalité, (des fois qu'il serait trop con le spectateur pour le comprendre tout seul...).

Ainsi, se dégage, sans absolument aucun effets spéciaux coûteux de type hollywoodiens, une intensité dramatique (à la limite de l'insoutenable pour vous et moi), mais carrément géniale pour les cinéphiles...

Et les cinéphiles, après un tel film sont heureux et peuvent aller se coucher sans même écouter le « Masque et la Plume », ni même lire « Les Cahiers du Cinéma »...


La cinéphilie est une maladie quasi-incurable, et si vous vivez avec un ou une cinéphile, je vous plains, vous êtes condamnés à ne plus regarder que des pépites soporifiques du septième Art, à ne plus lire que Télérama et ses critiques cinéma lénifiantes, et en plus vous allez devoir vous farcir tous les chefs d'œuvres anesthésiants de Lars Von Trier et les délires pseudos-surréalistes de Kusturica.

Bon courage !





* (extrait d'une interview de Godard)



  • excellent. Sur ce, je vais me mater un bon vieux Cassavetes.

    · Il y a environ 6 ans ·
    Cp2

    petisaintleu

  • Je suis un cinéphile invertébré et pourtant je déteste la plus grande partie de ce que tu décris dans ta chronique ! Depuis, le cinéma a inventé le blockbuster et le cinéma de divertissement au grand dam du critique intellochiantissime qui ne jure que par le message caché et la métaphore. Le combat de ma vie, défendre "les gardiens de la galaxie" contre "Dune" de David Lynch. :o)))

    · Il y a environ 6 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • A quoi bon écrire, réaliser, composer, peindre, dire de belles choses quand l'intérêt va vers celui ou celle qui se nourrit de choses simples, que chacun peut écrire, réaliser, composer, peindre, dire :)

      · Il y a environ 6 ans ·
      275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

      Mario Pippo

    • Un grand débat ! Je pense que l'on peut apprécier l'Art sans pour autant dénigrer le Divertissement. D’ailleurs divertir ou faire rire avec gout est un art ô combien difficile, non ?

      · Il y a environ 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Tu es un vrai cinéphile en somme, et pas un de ces Snobs qui s'infligent des œuvres pénibles parce que "ça fait bien"...et que c'est tendance...

      · Il y a environ 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

    • https://www.youtube.com/watch?v=1yKay8HDjPU

      · Il y a environ 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • La cinéphilie : ce mot sonne comme une maladie :)

    · Il y a environ 6 ans ·
    275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

    Mario Pippo

  • Sale, obscure, celà ne donne pas envie pourtant.

    · Il y a environ 6 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • Sans compter qu'y a même plus d'ouvreuses...

      · Il y a environ 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

    • bon, c'est vrai qu'elles avaient de sacrés cônes de friandises !

      · Il y a environ 6 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

  • je vois que monsieur fréquente les salles obscures pour se changer les idées, après les EPAD...

    · Il y a environ 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

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