La cravache

Elle me fascine,

Autant qu'elle me fait peur,

On en parle dans l'officine,

La cravache du directeur.

Et dans L'usine,

Gonfle la rumeur,

Que les moins productives,

Seront convoquées dans le quart d'heure.

C'est la panique,

Certaines sont en pleurs,

Et les moins dynamiques,

S'attendent à récolter des heurts,

D'autres pragmatiques,

Troquent leurs jupons à fleurs,

Pour des dessous de coquines,

Et ainsi échapper à  la douleur.

On entend louise,

Malgré le bruit des moteurs,

Comme un claquement sur ses cuisses,

La cravache du directeur,

A ma surprise,

Je m'en viens à l'envier,

Rêvant d'être la soumise,

De l'incarnation de la perversité.

Parce que promise,

A un avenir très prometteur,

Pour figurer sur la « short liste »,

J'accumule les erreurs,

Basculant dans la bêtise,

Aveuglée par mes ardeurs,

Quand serais-je convoitise,

De la cravache du directeur ?

Vint enfin le jour du sevice,

Me voilà dans son fauteuil,

L'atmosphère m'électrise,

Si près de mon maître chanteur,

Mais voilà qu'il se ravise,

Faute à ma bonne humeur,

Range sa cravache dans sa valise,

Et essuie mes larmes d'un air moqueur…

Depuis sa traitrise,

Il en est devenu meilleur,

Plus aucunes filles de l'usine,

N'ont dû endurer l'horreur,

Devenue Icône féministe,

Je n'ai de cesse de penser,

Qu'en sauvant tant de « miches »,

Les miennes sont frustrées !

….. Mais dans L'usine,

Gonfle la rumeur,

Que les moins productives,

Seront convoquées dans le quart d'heure….