La femme de chambre

Madame Nicole est une vieille dame qui habite le bas pays. Une zone pavillonnaire sans commerce. Pour faire ses commissions madame Nicole doit monter la rue de la Pénitence. Une rue étroite, en sens unique, bordée de deux trottoirs, un de chaque côté. Un sacré raidillon de cinq cents mètres, cette rue-là.

Madame Nicole a toujours habité ici. Elle ne s'éloigne guère qu'une fois par an pour voir son fils, habitant une ville voisine de cinq kilomètres. Elle regrette de ne pas le voir plus souvent, mais elle ne supporte pas le décalage horaire.

Donc, ce jour, comme c'est le jour des commissions, madame Nicole, ni une, ni deux, prend son caddie et commence à gravir la rue de la pénitence. En chemin, elle rencontre la dépouille de monsieur Georges gisante sur le trottoir à mi-parcours. « Moyen en tout celui-là », pense-t-elle. Madame Nicole n'appréciait que mollement monsieur Georges même si c'était le père de son fils.

Enfin, madame Nicole arrive au haut pays, éreintée, exténuée, anéantie, mais en vie, pour s'apercevoir, damned, qu'elle a oublié sa liste des courses. Ah, il y a des jours sans !

Moralité : Quand on n'est pas une femme de tête, il faut être une femme de jambes et non de chambre comme la coquille du titre.