La force des mots

Au réveil, je me pris une leçon de morale en pleine poire. Trop jeune pour boire, trop fragile pour rentrer tard, trop etc...
J'avais mal aux cheveux en prime. Difficile retour au quotidien!!
Mais quelque chose s'était passé en moi, je me sentais différent de la veille. J'avais réussi à m'exprimer devant de parfaits inconnus, sortant quelque peu de mon cercle vicieux. Tout cela n'avait pas de prix...
Je me rendis donc au bahut, le coeur moins lourd que d'habitude. Certes, il y avait toujours Tony et sa clique d'abrutis, je décidais de m'en moquer, du moins d'essayer de m'en moquer. Avoir l'esprit plus léger, quitter ce renfermement que je trouvais soudain malsain. J'avais désormais la preuve qu'il y avait autre chose dans l'existence.
Je suivis les cours tant bien que mal, étant donné mon état. Puis vînt la pause...
Tony se dirigea vers moi, je ne baissais pas le regard pour une fois. Il voulait fanfaronner à pas cher devant sa "cour" et me chercha des noises. Je lui répondis la chose suivante, d'une traite, sans réfléchir : "Si tu as besoin de taper pour prouver que tu existes, ta vie doit être sérieusement pauvre, non?".
Il fût surpris que je réponde, et resta interdit. Pas longtemps. Et il continua à me chercher... Et, sans plus réfléchir, je me moquais de lui, lui rétorquant qu'il devait considérer son cerveau tel un muscle comme les autres, par exemple. Des personnes dans l'assistance se mirent à rire. Tony devenait rouge de rage, voyant que son effet était quelque peu loupé. Je savais qu'il n'allait pas tarder à frapper, alors quitte à me prendre une raclée, je me lâchais sur lui. Et ma seule violence fût verbale, mais pas par l'insulte, juste l'ironie. Les rires devenaient de plus en plus nombreux autour de nous. Tony devint comme fou, et chercha à m'étrangler... Un pion, voyant la scène, arriva et nous sépara. Tony était l'agresseur, il fût viré pendant quelques temps. Je l'avais ma revanche, sans violence ni haine. Juste par la force des mots !
(à suivre)