The Daily Prophet : le livre demain ?
pierre-m
Que ce soit avec la presse en ligne et encore plus avec le livre numérique, les mots lorsque ils sont écrits opposent une incroyable résistance au digital…Aujourd'hui le livre numérique représente toujours moins de 5% du volume des livres achetés dans l'hexagone et contre tous les pronostics, le marché peine à décoller.
Dans une interview donnée au journal Le Parisien le 9 mai 2014, Grégory Nicolaïdis, le fondateur de WeloveWords expliquait : « Je suis parti du constat que sur Internet, si chaque contenu avait sa plate-forme de partage, la vidéo avec YouTube, la photo avec Instagram, la musique avec MySpace, il n'existait rien pour tout ce qui relève de l'écrit. Chaque contenu avait sa plate-forme, sauf l'écrit. » L'idée de WeLoveWords était née.
Ce qu'il y a d'abord d'étonnant dans ce constat c'est qu'au départ, l'écrit constituait le premier et unique médium d'internet. Avant les photos, la musique ou la vidéo, sur internet il y avait des mots…Presque uniquement des mots et on en a sans doute fini par les oublier.
L'explication tient certainement au confort de lecture sur laptop, tablette, liseuse ou bien smartphone, c'est pas terrible-terrible pour lire un bouquin ou un article. Autant pour la vidéo, la photo ou la musique les nouveaux supports numériques ont plutôt tendance à améliorer l'expérience, autant pour les livres l'expérience est pour l'instant plutôt dégradée…Un livre, ça a une couleur, une épaisseur, une odeur extraordinaire, le crissement du papier, l'odeur de l'encre, les pages qui tournent, les doigts qui dansent…sur le papier les mots ont du relief, ils sont là, nus devant vous, sans artifice. Ils vous sautent aux yeux, sans filtre ni barrière, sans hyperliens. Sur un écran on à l'impression de lire un livre derrière une vitrine, sous verre, sous vide, il y a une distance désagréable.
Les professionnels de l'édition prédisent néanmoins la mort du papier pour bientôt. C'est inéluctable nous dit-on. Le papier et les livres imprimés, comme support de l'écrit, iront bientôt rejoindre au musée les tablettes de bois et de bambou, la pierre et le marbre, les tablettes d'argiles et la soie, les rouleaux de papyrus et les parchemins. L'édition papier a vécu. Le livre est mort, vive le livre !
Alors à quoi ressembleront les livres et les journaux numériques de demain ? A en croire les grands patrons de presse, certainement au journal des élèves de Poudlard : La Gazette du Sorcier d'Harry Potter, (le bien nommé Daily Prophet en V.O.) Magique ! Il faut imaginer une nouvelle génération de tablettes numériques aussi fines et flexibles qu'une feuille de papier. Une feuille de papier numérique et connectée, que l'on pourrait plier et rouler en tube pour la fourrer dans une poche. Une feuille de papier unique avec toutes les bibliothèques de la planète dedans. Une feuille de papier numérique en vente en kiosque ou à l'entrée du métro pour 20 centimes d'euros, à jeter à la sortie ou à laisser sur un banc…
Mais tout ça, ce sont des problèmes de riches nous rappellent les Nations-Unis. En effet, le 23 avril dernier, L'UNESCO fêtait à Paris la « Journée mondiale du livre et du droit d'auteur », en mettant en avant à cette occasion une étude réalisée l'an dernier sur : « les bénéfices fondamentaux de l'utilisation des téléphones mobiles pour offrir l'accès à la culture dans des pays en développement où les bibliothèques de livres papier sont à la fois rares et trop éloignées des lieux de vie. Les réseaux sans fil et les écrans mobiles sont là bas un excellent moyen d'abolir les distances et d'avoir accès à des bibliothèques entières de livres. »
En effet, d'après cette étude, à l'échelle de l'humanité l'accès au livre est encore bien trop restreint et compliqué à développer alors qu'en 2015 le nombre de téléphones mobiles devrait dépasser le nombre d'habitants sur terre. Le livre numérique plus pratique, plus économique serait finalement certainement aussi plus démocratique. A suivre…
Très instructif, merci Pierre !
· Il y a plus de 8 ans ·Katrin Blanch