La genèse de la guerre.

Hervé Lénervé

De tous temps, par tous les temps, les hommes se sont toujours fait la guerre, mais en connait-on véritablement la raison, mon colon ?

-         Eh, les gars, j'ai des nouvelles de l'autre côté !

-         Tu y es allé et tu as pu en revenir ?

-         Pas exactement ! Je n'y ai pas été, ni hivers non plus, mais j'ai reçu un message enroulé autour d'une flèche plantée dans ma cuisse.

-         Eros ne vise plus le cœur ?

-         Si, mais sa vue n'est plus ce qu'elle était. Enfin, je vous le lis : « Venez, on a faim ! »

-         Qu'est-ce que ça veut dire ?

-         Ça veut dire, qu'ils ont faim et qu'ils nous attendent pour manger.

-         Certes, mais est-on invité pour boire l'apéro ou pour garnir le chaudron ?

-         C'est vrai que le texte est ambigu à double tranchant de tiroirs.

-         Dans le doute, moi, je n'y vais pas !

-         Dans ce cas, tu dois envoyer un mot d'excuse, c'est plus correct !

-         Ok ! Prête-moi ta flèche.

-         D'accord, mais retire là d'un coup sec ! Aie ! Voilà, maintenant j'ai une hémorragie.

-         Attend je te mets un garrot !

-         T'es con ou quoi ? Pas au cou, voyons !

-         Pardon, là c'est mieux !

-         Oui ! Mais tu as coincé ma bite sous la corde.

-         Ok ! Je la coupe !

-         Non, laisse comme ça, je préfère ne plus bander qu'être eunuque.

-         Et si on se fabriquait des arcs et des flèches pour se parler tranquillement ?

-         Bonne idée !

Voilà, maintenant vous ne pourrez plus dire que vous ignorez l'origine atavique des guerres, tout remonte à un besoin impérieux de communication entre hommes civilisés. La soif de connaître l'autre, l'alter-égo, le comprendre pour se comprendre soi-même.

***

Séquence érudite :

Jean Dutourd disait en tirant sur sa pipe, satisfait de sa suffisance comme de ses volutes de fumée, que « les hommes font la guerre, car les hommes aiment faire la guerre ! » Je n'ai jamais aimé Dutourd, donc ça m'arrangeait quand il disait de grosses conneries ! Et quand je pense qu'ils lui ont donné une épée d'académicien à l'autre va-t-en guerre, cela m'encourage à ne plus penser.

La guerre est une affaire trop débile pour la laisser aux fous (nous) !

La guerre est le propre de l'homme, même si elle est très sale et franchement fourbe.

La guerre n'est même pas une aberration de naguère.

La guerre coule dans nos veines, le sang sur les cadavres.

La guerre n'a ni vainqueurs, ni vaincus, que des veuves.

La guerre est une boucherie, où les vivants crèvent souvent la faim.

La guerre est une belle salope, spécifiquement masculine (ou presque).

 

La guerre m'écœure, elle me fait dégueuler.

Vive la révolution ! Etripons-nous en cœur pour une cause supposée juste, pas pour l'Etat, la Patrie, l'Honneur, les Médailles. Faisons la guerre à la guerre ! Et à la connerie des hommes pour le même prix.

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