La Grande Arnaque du XXe siècle

Nous connaissons tous, cette hypothèse des Grands Comploteurs universels devant l'Eternel, qui prétend que l'Homme n'a jamais mis les pieds sur la Lune. Apollo 11 ne serait qu'un grossier truquage truffé d'effets spéciaux à la noix. Les comploteurs étayent leur thèse de moult Preuves irréfutables, qui sont réfutées scientifiquement une à une par la Nasa. Mais peu importe quand on veut croire, on croit, c'est une histoire de fous ! Non, de foi ! On croit bien en Dieu, pourtant on n'a même pas un selfie de lui avec Jésus et la vierge Marie, en tout petit, en arrière-plan. Si, si, là ! Le point ! Quoi qu'il soit ou soit qu'ils croient, la suspicion continue depuis presque cinquante ans.

Donc Armstrong n'aurait jamais foulé le sol lunaire, tout cycliste soit-il. Il serait venu tourner son épopée cosmique au Mont Ventoux, loin des Américains sceptiques, chez les bons pedzouilles de français, béret sur la tête, baguette et poils sous l'bras, réputés pour être encore assez cons pour croire au père Noël et aux Pierrots de la Lune. Des légendes, ces français ! Vous dis-je !

Quelques autochtones se souviennent encore de l'arrivée de la caravane américaine, arrivée, ce matin de l'été 1969, en toute discrétion. Les drapeaux, made in USA, omniprésents dans toutes manifestations américaines avaient été remplacés par des drapeaux suisses pour ne pas éveiller les soupçons. Les autochtones, qui virent passer l'étrange caravane de ces gros camions chargé d'engins bizarroïdes et quelques rares chameaux pour le folklore exotique des déserts de sable fin, sans fin, firent des signes véhéments d'encouragements. Ils pensaient que c'était la caravane du Tour de France. Ils criaient à gorge déployée : « Vas-y Poupou ! Tu vas le gagner celui-là ! » Bien que tout le monde sache, pourtant, que Poupou n'était pas là pour gagner, lui, il venait, tout exprès, pour perdre et que ce serait Merckx, avec son nom à la con qu'il faut toujours épeler, qui comme d'hab. gagnerait le Tour.

Donc, tous les autochtones, du village de Crillon le Brave, étaient rassemblés pour regarder le montage, de ses drôles d'engins futuristes de l'avenir, sur la place de l'église. Le curé en soutane pour la circonstance, ordinairement, il célébrait l'office en short et maillot de l'équipe de saint Etienne en terminant tous ses sermons par un : « Allez les verts ! Dieu est votre premier supporter ». Le curé en soutane, donc, se tenait bras croisés devant sa boutique pour en barrer l'entrée, de son torse trapu et de ses cuisses arcboutées, à ces Suisses arbalétriers qui parlaient américain en ruminant leur gomme à ruminer. Tous les autochtones étaient, tous là et dire… qu'ils ignoraient même, pauvres naïfs et bêta, comme ils étaient, qu'ils étaient sur la Lune en cette belle journée de 69, année aéronautique, plus qu'érotique.

Ils regardèrent, tous, les autochtones, médusés, Neil Armstrong, (dit brascostauds en bon français, ce qui est un comble pour un cycliste, (puisqu'on te dit que ce n'est pas le même !)) poser le pied chez eux, en lançant sa superbe phrase qu'il n'avait même pas cherché plus tôt, non, c'était de l'impro : « Un petit pas pour le bonhomme, mais un putain de grand pas pour moi, bon petit gars de l'Ohio ! » Ce seront les journalistes et les politiques qui la transformeront en formule aphoristique pour marquer davantage l'exploit galactique.

Pour être tout à fait sincère, les autochtones, n'apprécièrent pas du tout, tout ce battage médiatique. Ils se réunirent dans la grande hutte centrale de leur village de Crillon les Braves, pour tenir leur conseil des Sages, qu'ils appelaient « leur Soviet ». Ils se dirent que c'était mauvais toute cette réclame, qu'ils allaient bientôt subirent une ribambelle de touristes en casquette sponsorisée, baskets fluo et appareil photo et risquaient même d'être coloniser par une horde d'extraterrestres extrapologues, toujours friands de nouvelles anecdotes des peuplades  interstellaires à raconter à leur marmots gélatineux tentaculaires devant l'âtre nucléaire de leur cheminée laser.

Pour cette raison et seulement celle-là, ils turent, à jamais scellé dans leur mutisme, la supercherie américaine pour faire la nique aux Soviétiques. Moi je n'ai obtenu cette révélation que sous la torture d'un des autochtones que j'avais capturé au filet. Aussi, par respect pour le secret garantissant la sécurité « autochtonale » de Crillon les Braves, je me tus à mon tour et je vous demanderai d'en faire autant. Ne pas ébruiter cette affaire qui aurait un retentissement international et mettrait dans l'embarras l'aérospatial américaine. Chuttt ! Chuttt ! Chuttt ! Ça reste entre nous, ce sera notre secret à nous, cela ne doit pas sortir d'ici.