La Mort et le pont.

eden-paragallo

La petite fille, avait eu une armure en cadeau mais elle s'était brisée. Quelqu'un la lui avait arrachée et l'avait jetée sur le sol dur et froid d'un monde sans couleur ni odeur. Elle était à nouveau seule et fragile, aussi vulnérable qu'une éphémère aux premières lueurs d'un jour nouveau.

Elle passait ses journées à errer dans une ville qui lui était inconnue. Tout allait trop vite. La gamine suffoquait en silence. Elle attendait, seule au bord d'un pont, la peur accrochée à ses tripes. Des images dans sa tête se succédaient, lui montrant le chemin vers un avenir plus serein. Elle aurait pleuré toutes les larmes si elle en avait encore la force. Mais rien ne sortait.

" Oserai- je affronter la mort une fois de plus? " Pensa- t- elle. " Je lui avait promis de ne revenir que lorsque le moment serait venu."

Chaque matin, l'enfant revenait jusqu'au pont dans l'espoir d'avoir une réponse. L'angoisse grandissait de plus en plus. Elle avait mal, tellement mal. Elle en avait assez de devoir survivre pour tenter de trouver un semblant de bonheur qui n'était en fait que poudre aux yeux. La petite fille était au bord du gouffre, faible et sans défense.

Un soir, sa vieille amie l'avait rejoint. Alors la petite s'était blottie contre elle et avait pleuré toute la tristesse qu'elle avait gardé enfermé pendant de longs mois. Elle avait crié toute la rage qui était restée recroquevillée entre ses côtes. La gamine sentait son cœur se soulever dès qu'un sanglot s'échappait, elle sentait chaque parcelle de son corps frêle trembler au rythme de sa délivrance.

Elle se détacha de son amie, l'observa un moment.

Sa décision était prise.

L'enfant baissa la tête, pris une profonde inspiration et se tourna vers le fleuve. En se tenant au réverbère, elle avait réussi à grimper sur la rambarde du pont.

Les secondes passaient. Lentement. Son cœur tambourinait. Aussi fort que le gong. Son esprit quittait son enveloppe corporelle. Elle lâchait prise. C'était la fin

L'enfant se laissa tomber.


Quelque chose la rattrapa au vol. Des mains froides et osseuses. La fillette ne réagissait pas. Elle était déjà partie. Loin.


Lorsqu'elle était revenue à elle, l'enfant se trouvait dans les bras de la Mort.

" Ton heure n'a pas encore sonné. Tu as encore beaucoup à faire avant que je vienne te chercher."


La gamine esquissa un semblant de sourire à son amie. Il était temps pour elle de rentrer à la maison.

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