La nature est bien faite

laura-sg

Parfois, lors de vadrouilles vestimentaires dans les rayons de magasins de prêt-à-porter, on tombe sur des horreurs, des fringues infâmes, dont on ne se servirait même pas pour nettoyer le sol, de peur de l’abîmer.

On a beau suspendre son jugement, essayer de “décaler” la chose, de visualiser diverses combinaisons audacieuses certes, mais vaguement envisageables, rien n’y fait. C’est tout simplement immonde et on espère du fond du cœur que le styliste à qui l’on doit cette nippe a soit agi sous la torture, soit s’apprête à en être victime. Et ce,  pendant autant de temps qu’il faudrait pour découdre chaque fil de son odieuse progéniture vestimentaire, même pas 100% coton.

C’est alors qu’une âme elle aussi en quête de nouvelles pièces qui bien entendu, ne rentreront pas dans son dressing, s’arrête devant cet étrange et difforme tissu. Sauf qu’au lieu de s’en aller vomir immédiatement dans le rayon suivant, elle semble porter un certain intérêt à la bête.
Elle fouine, regarde les étiquettes, sans doute pour constater que non, il n’ y pas d’erreur de fabrique, c’est juste le délire d’un styliste sous insecticide (qui est actuellement en train de recevoir un coup de nerf de bœuf à chaque fil décousu, parce que même sous la torture, on pense aux braves gens qui vont tomber sur cette fringue et on se sacrifie plutôt que d’agresser ainsi leurs rétines, leur cerveau, leur être tout entier).

Jésus, Marie, Joseph ! La malheureuse ! Elle n’est pas vraiment en train de chercher sa taille ?? Oh bordel, si ! Elle prend même 2 tailles pour être sûre que ça tombe “bien”.
Elle relève la tête devant nos yeux exorbités et nous sourit vaguement. Ce sourire “de reconnaissance stylistique”, ce clin d’œil de connivence des goûts et des couleurs.
L’insolente ! Jamais de la vie, ni même après la mort, on n’oserait dégainer un haillon pareil enfin ! Elle aussi veut passer au nerf de bœuf ou quoi ?
Le temps de ranger par ordre croissant toutes les insultes qui se bousculent soudain dans notre bouche, elle a filé aux cabines d’essayage. Va-t-on la suivre et se faufiler dans sa cabine pour l’étouffer dans le rideau, ou mieux, dans ce qu’elle ose considérer comme du “mettable” ?

Arf, non. Si les cloportes ont droit de vie, présumons que les goûts de chiotte aussi.

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