La petite fille qui disait bonjour aux lampadaires

oreline

Concours LUNII – une fille – une planète inconnue – un coffre à pattes – un peuple de lampadaires.

Il était une fois une petite orpheline qui vivait dans la rue. Pour toute maison, elle avait quelques morceaux de cartons empilés et de vieilles couvertures puantes qui la protégeaient du froid. Elle mangeait ce que les gens avaient la générosité de lui donner. Parfois, elle allait fureter dans les poubelles à la recherche de trésors : un livre abimé, une lampe cassée ou une peluche démembrée. Lorsqu'elle trouvait quelque chose à son goût, elle avait alors la sensation de recevoir un cadeau.

« Oh, regarde ça, Lugi ! Une poupée. Bon d'accord, il lui manque un bras, mais sinon, elle est magnifique ! »

Lugi était son ami de toujours, celui qui la suivait partout. C'était un coffre à pattes. Elle l'avait trouvé dans une décharge, en train de pourrir sous de vieilles laitues flétries. Elle l'avait alors nettoyé, bichonné et avait fait de lui son meilleur ami.

La petite fille ouvrit le coffre à pattes et fourra la poupée à l'intérieur, à côté d'une paire de chaussures rafistolées et d'un couteau rouillé.

« Il me semble que la pêche est bonne aujourd'hui, mon cher Lugi ! »

La petite fille, tellement excitée par toutes ses trouvailles, ne vit pas l'après-midi passer. Lorsque la nuit commença à tomber, elle se rendit enfin compte qu'il était temps de rentrer. Malheureusement, elle avait été si accaparée par ses fouilles qu'elle était bien incapable de savoir où elle était. Comment retrouver sa maison en carton ? Elle n'en avait aucune idée.

Elle emprunta une rue, puis une autre et encore une autre. Mais absolument rien ne lui était familier. Les pieds en compote et le moral au plus bas, elle s'assit au pied d'un lampadaire.

« Oh, Lugi, je pense que nous sommes perdus ! Nous allons devoir dormir sur le trottoir. Avec ce vent et ce froid, je suis sûre que je vais tomber malade ! »

Désespérée, la petite fille se mit à pleurer à chaudes larmes. Lugi essaya de la consoler en montrant son coffre plein de trésors. Mais rien n'y fit. Elle était inconsolable.

« Pourquoi pleures-tu, petite ? »

La petite fille renfila bruyamment et regarda autour d'elle. Qui avait bien pu parler ? A part elle et Lugi, il n'y avait personne ici.

« C'est moi qui te parle, petite. Je suis un lampadaire. Alors, dis-moi, pourquoi pleures-tu ? »

La petite fille se leva et observa cet étrange lampadaire.

« Je pleure car j'ai perdu mon chemin… J'aimerais retrouver ma maison en cartons. Elle n'est pas très belle, ni très solide mais je m'y sens si bien. C'est chez moi, vous comprenez ? »

Suite à ces quelques mots, un fait étrange se produisit : toutes les lumières de la ville s'éteignirent, puis seuls quelques lampadaires se rallumèrent.

« Suis la lumière des lampadaires. Elle te ramènera chez toi ».

La petite fille, profondément reconnaissante, remercia le lampadaire.

« Nous sommes ici pour cela. Moi et tout mon peuple venons d'une planète inconnue des terriens. Tu vois cette étoile là-bas, qui brille plus que toutes les autres. Nous venons de là-bas. Nous avons été envoyés ici pour montrer le chemin aux humains en leur offrant la lumière. Maintenant va, petite fille ! »

La petite fille suivit la lumière des lampadaires. Comme promis par le lampadaire, elle retrouva aisément sa petite maison en carton.

Ce fut à partir de ce jour-là que la petite fille se mit à dire bonjour à tous les lampadaires. Et, même si personne ne les entendait, les lampadaires lui répondaient toujours.

Signaler ce texte