La peur des montres

Un jour ma mère m'a demandé pourquoi j'aimai tant les histoires d'horreur, 'les histoires qui font peur".. À 15 ans je n'ai pas su quoi lui répondre.
Aujourd'hui je sais. Je sais que dans ces films, dans ces livres, les monstres sont visibles et prévisibles.
Ils sont quelques fois risibles, presque ennuyeux.
Dans ces histoires il y a presque souvent, une solution, un remède, un guerrier ou une arme ou une incantation pour les combattre.
Dans ces histoires il y a diable parce qu'il y a Dieu, et du coup ne croyant ni en l'un, ni en l'autre il disparaissent à la fin du générique.
Dans ces histoires les montres viennent de l'espace, et l'où n'a pas franchit la lune, ils n'arrivent pas jusqu'à mon périmètre, et n'y arriveront pas avant des milliers d'années, et disparaissent à la fin du générique…
Dans ces histoires on réveille en incantant des esprits malveillants par vanité ou désir d'argent, ça ne me concerne pas, et je ne crois pas à la magie, seulement aux illusions et aux désillusions. Ils disparaissent à la fin du génériques, après le mot de la FIN.

Par contre j'aurai pu lui répondre, que ce qui me fais peur ce n'est pas ces histoires. Ce qui me fait peut ce sont les montres du quotidiens…
Ceux qui envahissent notre enfance, les souvenirs malveillants, ces souvenirs qui nous rendent méfiants, ces grosses mains qui nous touchent, ces mots qui nous marquent au fer rouge, ces paroles qui s'immiscent dans nos esprits. Ce qui me fait peur ce sont ces reflets de réalité représentant une presque normalité qui me terrifiait et qui me hérisse encore le poil, ces choses que tout le monde voit mais qui laissent indiffèrents, ces actes qui sont le quotidien de certains ou certaines des fois très jeune et qui sont là comme des éléphants que tout le monde contourne.
Ce sont ces souvenirs de la mort frappant à notre porte, cette mort que j'ai entendue doucement prenant son temps, ou cette mort dans la souffrance pour mieux allégée ton esprit charognard.
Ce sont encore ceux qui nous réveillent la nuit, ces monstres qui tuent à coté, ceux qui détruisent délibérément les gens, notre monde, ceux qui enviassent nos esprits d'idées de fausse bienveillance et de frustrations, ceux qui nous poussent à devenir ce que nous ne sommes pas, ceux qui nous obligent à aller contre nos idéaux, contre notre vision du bien, du bonheur, de la vie… Ce qui me fait peur ce sont les véritables morts-vivants…