La porte

carmen-p

 

Leur enfant n’est plus, alors ils ont abandonné la maison, mais ils n’ont pas laissé la porte.
Elle quittera avec eux la vallée où ils vécurent heureux. Il ne faisait pourtant pas beaucoup de bruit ce bonheur, il aurait pu passer inaperçu, se laisser oublier et durer…
La charrette organise le voyage, des gens, des choses utiles pour l’exil sur terre, et de la porte.
Le vent pourra mugir entre les quatre murs, soulever la toiture qui n’a pas su les protéger.
La pluie alors pourra finir le travail, laver, noyer les souvenirs.
Ils s’en foutent des souvenirs, ils emmènent la porte et ils la planteront quelque part, dans un coin joli et tant pis si on ne les comprend pas.
Il faut bien commencer par quelque chose, pourquoi pas par la porte !
Quand elle s’ouvrira, où que ce soit, ils verront entrer la silhouette aimée, et ensuite seulement ils laisseront le « nouveau » franchir le seuil…
et chaque ami sera invité, il apportera sa pierre et la maison se construira de l’intérieur. Le bonheur ne se construit pas autrement.
Après avoir beaucoup erré, la pensée arrêtera leurs pas et  le temps, d’ici ou d’ailleurs se posera, en un lieu fertile où comme un arbre leur cœur tendra ses  ramilles au souffle du printemps.

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