La prisonnière

Natacha Karl

Il y avait une flamme dans une statue

Il y avait une flamme qui brûlait dans une statue momifiée

Il y avait toi qui passais

Il y avait ma lumière, ma flamme

Tu l'as vue je crois

Dans la statue qui brûlait

Tu l'as vue, tu t'es arrêté

Tu ne voyais plus que le reflet de tes yeux

Le reflet de tes yeux

Le reflet de ton cœur

Le reflet

Il y avait ma lumière qui brûlait

Ma lumière qui tremblait

Il y avait toi qui souriais

Tu as attendu le jour

Assis contre la statue qui pleurait

Tu as parlé

La statue s'est tue

La petite flamme brûlait

Son cœur tremblait

Tu t'étais arrêté

La petite flamme n'y croyait

Tu pleurais

Elle t'ecoutait mais ne parlait

Elle chantait

Elle t'enchantait

La statue, la momie, la femme, la flamme

La morte-née, la prisonnière

L'amour la faisait trembler

Jamais rien elle ne disait

Jamais non plus elle ne répondait

Jamais non plus elle n'acquiescait

La seconde nuit est passée

Les autres nuits ont suivi

Toujours tu revenais au soir

T'asseoir à côté d'elle

Tu lui racontais ta vie

Tu lui parlais de sa vie

Tu regardais la petite flamme emprisonnée

Puis elle t'a vu

Vu vu regardé

Et c'est toi qui a tremblé

La flamme a brûlé la morte

La flamme a touché ta main

La flamme a frôlé ton cœur

Ton cœur sec et renfermé

Ton cœur doux et grand ouvert

Ton cœur de peur

Tu avais dans tes mains

Tout le plâtre de la statue

Le plâtre des jours où tu cognais

Le plâtre des jours où tu l'aimais

La petite flamme s'est levée

Le château est libéré

Je t'ai aimé

Sans le voir

Sans le savoir

Tu m'as aimée dans le noir

Il fait jour

Regarde moi

Je pleurais

Tu m'écoutais

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