la proposition

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Carole n'en était pas à son premier regard sur la ville en dessous d'elle. Pas non plus à son premier bourbon qu'elle sirota en quelques instants. Elle déposa le verre vide sur la table basse du salon puis ses mains à plat sur celui, froid, de la baie vitrée. Elle se déhancha, sûre d'elle, de sa beauté et de sa puissance sur le petit monde qui vivotait à ses pieds. Comme tous les soirs, elle avait enlevé ses vêtements, gardé sa petite culotte, son soutien-gorge et ses talons aiguilles pour déambuler dans les deux cents mètres carrés de son appartement ultra-moderne qu'elle avait acheté un mois auparavant au dernier étage d'un building et préparer sa soirée,son plateau repas, effectuer quelques achat de fringues sur le net et lire son courrier.

Elle se savait belle mais tranquille, sans personne pour la voir tant les « autres » étaient loin en dessous dans les barres noires des immeubles qui se devinaient par contrastes entre elles, scintillant de centaines de points jaunes accrochés aux fenêtres comme des vies qui commençaient elles aussi leur soirée.

Comme toujours, elle avait maîtrisé sa journée, ses collaborateurs et l'entreprise d'une main ferme et sans concession. Elle avait sauvé de cette façon la firme de la faillite et il était maintenant hors de question de lâcher prise. Elle était redoutable, redoutée et enviée mais son charisme et sa beauté avaient conquis tout le monde.

Son portable sonna.

Merde.

Un numéro inconnu. Elle était impatiente, elle voulait toujours tout savoir. Elle décrocha.

Allo?

Bonjour Carole.

Qui êtes vous?

Peu importe. Je voulais vous dire que je vous trouve absolument magnifique.

Pardon?

Elle s'était redressée, surprise. Elle ne voyait plus que le reflet de son ombre flottant dans la pénombre contrariée par les lumières parasites de la ville.

Je ne sais rien de plus beau qu'une femme et aucune femme plus belle que vous. Vous, juchée sur vos talons aiguilles, dans cette petite culotte si fine et vos adorables petits seins sous satin qui dansent devant moi... Si je vous appelle c'est que je veux en voir plus désormais. Je veux d'abord voir vos seins nus. Montrez moi vos seins, je ne les ai jamais vus. Vous n'êtes jamais nue devant la baie vitrée. C'est dommage.

Espèce de sale pervers!

Elle recula instinctivement, effrayée d'être offerte à la vue d'un illuminé caché dans la nuit dans un de ces appartements. Elle se croyait à l'abri, trop loin d'eux et trop haute pour être vue. Des jumelles, bien sûr! Un voyeur, un pauvre type dégueulasse qui l'espionne depuis combien de jours ainsi, elle qui passe si souvent en petite tenue devant sa fenêtre...?

Vous m'observez ainsi depuis longtemps?

Si longtemps...

elle explosa, hors d'elle.

J'appelle les flics! Je vais vous faire coffrer!

Non, bien sûr que non.

Il était calme. Il avait une voix suave, captivante. Cela la décontenança.

Comment ça?

Parce que je vous intrigue. Parce que mon offre vous brasse Carole.

Mais comment connaissez-vous mon prénom?

Ce n'est pas compliqué d'obtenir le numéro de la personne la plus importante de l'entreprise.

Elle s'appuya au mur, sûre d'être cette fois-ci hors de portée de vue de cet homme.

Il fallait réfléchir vite. Appeler les flics, bien sûr. Et savoir qui il était. « De l'entreprise ». Pas « d'une... ». C'était donc un gars de « sa » boîte. Elle avait beau réfléchir, cette voix qui ne semblait pas être camouflée ne lui disait vraiment rien.

Vous êtes toujours là?

Elle sursauta en retirant sa main de son entrejambe. Que faisait t-elle? Elle pensa aussitôt qu'elle avait eu comme un réflexe protecteur afin de préserver son intimité.

Oui.

Ma proposition?

Elle allait hurler, lui dire d'aller se faire foutre... Aucun son ne sortit de sa gorge.

Il était certainement debout derrière une vitre, ses jumelles dans une main, et...quoi d'autre dans l'autre? Elle se secoua pour chasser cette image, cette chose qui grossissait dans sa tête.

Vous buvez quoi?

Pardon?

Il eut un rire puissant, chaleureux. Et cette voix...

Dans votre verre, le soir, c'est quoi? Un whisky, je suppose?

Mais ça peut lui faire quoi?

Bourbon.

Vous buvez avec classe. Tout en vous est classe. Montrez-moi vos seins.

Ça c'est pas classe.

Elle avait répondu trop vite. Trop tard. Ses mots n'étaient pas malheureux, non...C'était juste le ton qu'elle avait employé. Il était posé avec une voix qui lui demandait presque un peu plus de douceur. Il avait presque gagné la joute verbale en deux temps...

Carole, pouvez-vous me montrer vos seins?

Non!

Elle venait de se reprendre. Elle était folle ou quoi? Elle enchaîna, furieuse de s'être laissée bercer et berner quelques instants.

Je saurai qui vous êtes, je vais vous briser! Je suis puissante, je ne cède jamais et encore moins à un détraqué!

Calmez-vous Carole... maintenant, je voudrais vous voir à nouveau. Rapprochez-vous de la baie vitrée. Et soyez ...nue. Entièrement nue. C'est votre punition pour m'avoir trop fait attendre. Je patiente, allez-y.

Les secondes passèrent. Le silence s'imposa, seulement troublé par un souffle au téléphone, celle d'un homme tranquille.

La silhouette de Carole glissa le long du mur. Sa respiration s'accéléra. Elle s'approcha centimètre par centimètre de la vitre. Les toits des bâtiments lui apparurent. Les premières lumières des derniers étages puis toutes les autres. Tous les immeubles, toute la ville. Elle se dévoila, droite et solidement campée sur ses escarpins.

Elle releva le téléphone à sa bouche. Elle trembla un peu, nerveuse mais surtout très, très excitée.

Comme ça?

Vous êtes...magnifique. Vos seins, ils sont...magnifiques...Je...Je...

Vous faites quoi?

Désolé Carole mais je ne peux pas m'en empêcher.

Elle eut un petit rire léger et elle s'approcha encore, à quelques centimètres.

Accroupissez-vous et écartez les cuisses.

Qu'il crève, ce porc! Il veut me soumettre, pensa t-elle, bouleversée. Il me veut chienne!

Et elle s'exécuta. Elle s'abaissa, et ses cuisses s'ouvrirent. Le plus large possible. Son intimité se dévoila à un homme qu'elle entendit grogner de satisfaction.

Elle Carole Delanoiselle, Présidente d'une société réputée, exhibait son corps à un parfait inconnu qui se masturbait en matant sa chatte ouverte. Ce soir, elle n'était qu'une traînée.

Inconnu ou collaborateur? Elle s'en fichait, elle était dans un état second. Oui, sa vie était dorée. Tout était luxueux autour d'elle. Elle ne manquait de rien. Sauf d'un homme. Elle n'en voulait pas d'un à demeure. Elle ne voulait pas partager sa vie en permanence. Prendre l'initiative de... ne l'effleurait pas. Et là, cette proposition l'avait choquée. Retournée. Un homme lui donnait l'ordre de se dénuder, obéir. Aucun homme ne l'avait fait avant. Ce fut un déclic. 

Carole?

Oui?

Vous faites ça pour quelqu'un que vous ne connaissez pas...ça vous plaît?

Elle soupira...

Oui...

Les cuisses ouvertes, c'est si bon, non?

Elle murmura...

Oui.

Elle avouait. Elle se sentait libérée. Elle ouvrait en grand son sexe..Mais à quel homme? elle n'en savait rien. Ne pas savoir la troublait terriblement. Elle se sentait étrangement bien alors qu'elle était en équilibre au dessus d'un gouffre. Elle pouvait chuter en un instant et dans ce milieu professionnel, et à sa place, la plus haute dans la pyramide, elle risquait la totale. Mais qu'est-ce qui lui passait par la tête?

Vous voulez toujours savoir qui je suis?

Non! Cela serait intenable.

Vous me feriez virer?

Evidemment. Vous êtes donc bien de la boîte?

Oui.

Salaud!

Elle l'entendit rire. Souffler, aussi. Il s'amusait de la voir vulgairement soumise à ses désidérata.

Carole...Vous seriez prête à faire bien plus?

Comment ça?

Elle savait qu'il ne se contenterait pas d'un jeu de voyeur. Elle avait cédé si vite, elle exhibait son sexe luisant d'envie. Chaque seconde était un pas dans la soumission. Arrêter tout maintenant était encore possible. Il n'était qu'un homme qui l'avait vue nue. Et après? Un proche? Et alors? Se relever, éteindre le téléphone et passer à autre chose était si simple à faire. Sûrement un des directeurs financiers. Un dirigeant quelconque, ils sont nombreux. Elle passe de patronne à salope, qu'importe!C'est fou mais qu'importe, oui!

Oui ou non?

Oui!

Elle acceptait. Ce oui voulait dire tant de possibilités. Elle haleta, terriblement perturbée.

Je vais vous offrir à des hommes. Ils feront ce qu'ils veulent de vous. Je serai là, je regarderai. Je porterai un masque.

Mais...

Ne dites rien. Vous savez à quel point vous en avez envie. Vous le savez, n'est-ce pas, Carole?

Oui. Je veux ça...

Merci Carole. Je vous appelle demain, même heure. On en reparlera. Je prépare cela. Je vais recruter des hommes. Six ou sept. des bourrins. Des endurants. Comme moi. Mais moi, je serai le maître. Votre protecteur. Le donneur d'ordres. Je resterai attentif, que tout se passe bien, pour vous, pour eux. Je passerai en dernier dans votre corps ouvert, poisseux, aux orifices béants. Bonne nuit Carole.

' nuit.

Elle se releva, tremblante...Elle pensa un instant que c'était la peur et la honte qui l'estomaquaient avant de réaliser à quel point ce n'était que l'envie de subir des assauts profonds d'hommes lubriques. La voix de cet homme la captivait incroyablement. Il la tenait avec trois fois rien et elle aimait ça. Mais quand même...Quel homme avec cette voix? Pas un dirigeant, non...cette voix inconnue...Qui? Elle allait vivre avec ça désormais. Ses doigts ne furent pas long à prolonger ces idée envahissantes en lui procurant des spasmes longs et intenses.



Il avait été à deux doigts de révéler son identité mais il savait la frontière à ne pas dépasser . Il savait que le fantasme ne supportait pas les erreurs et que la réalité en était une le concernant si elle n'était pas bien maîtrisée. Les flics auraient déjà pu frapper à sa porte. Il était un homme frustré par un vide sentimental énorme. Il ne savait plus aborder une femme depuis longtemps et son mal-être se déversait par saccades devant son écran d'ordinateur quand il s'abreuvait de vidéos pornographiques . Il allait glisser Carole très doucement dans sa nouvelle peau de soumise. Elle ne verrait pas son visage. Demain, ils se croiseront et elle ne le reconnaîtra pas. Seule sa voix peut le trahir mais il ne parle pas devant elle. Il sait qu'il va la voir troublée, à côté de la plaque. Ce jeu la retourne complètement. Il tient en son pouvoir la femme qu'il estime une des plus belles de la ville. Il en est fou, de son déhanché incroyable et de son air dédaigneux. Il a jubilé quand il a vu pour la première fois sa patronne depuis la fenêtre de sa cuisine avec ses jumelles super puissantes, seul objet de valeur chez lui qu'il utilisait jusque là pour mater d'autres femmes aux fenêtres d' autres immeubles. Il avait appris son emménagement là-haut mais il n'aurait jamais cru l'apercevoir ne serait-ce qu'une seconde!

Dans l'entreprise, il adore la voir froncer les sourcils et crier quand elle est -si souvent- de mauvaise humeur. Il aime son parfum filer derrière elle dans les couloirs quand elle arpente tout l'étage à la recherche d'un coupable idéal pour un problème quelconque.

C'était un pari audacieux que de l'appeler. Le résultat était inespéré. Le gros lot sur un coup de fil et une voix chaleureuse qu'il sait être son seul atout. Il va peaufiner la rencontre, contacter quelques amis bien pervers, intellectuellement basiques et montés comme des ânes.

Demain, elle sera moins autoritaire, la Carole. Elle saura que son maître est là. Mais lequel est-ce?

Elle ne va jamais imaginer qu'il s'agit de l' homme de ménage, l'homme à tout faire. Cet homme laid et costaud de cinquante ans qui fait peur à toutes les femmes des bureaux avec son air libidineux. Carole ne le regarde jamais quand elle le croise régulièrement dans les différents étages de l'entreprise. On ne regarde pas un homme de ménage quand on a la classe de Carole Delanoiselle.






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