LA RIVIERE ET LE REVEUR

fabricerose-pierre

LA RIVIERE ET LE REVEUR

J’avais observé trop de jours
S’écouler l’eau de la rivière
Se frottant avec amour
Sur les arêtes des pierres
Et ses clapotis de plaisir
Ses soubresauts voluptueux
M’avaient laissé sous l’empire
D’un tableau peint par les Dieux

Et j’eus l’illusion
Voudrez-vous le croire
Que l’eau vive en migration
Me contait son histoire

Née du courroux d’un gros nuage
Griffé à la pointe d’un pic
Elle se fraye un passage
Dans un énorme alambic
Et oh la subtile bataille
Elle ronge ce matamore
Arrachant à ses entrailles
Des grains de poussière d’or

Et j’eus l’illusion
Voudrez-vous le croire
Qu’en buvant à son bouillon
J’y gagnais en savoir

Et puis la voilà qui serpente
Sur sa colline millénaire
Sauvage comme la menthe
Embaumant son ruban fier
Elle a la fougue d’un cabri
Bondit de chutes en cascades
Salue penchés sur son lit
Les saules en embuscade

Et j’eus l’illusion
Voudrez-vous le croire
Qu’un tapis de gravillons
M’invitait à m’asseoir

Aux abords de la grande ville
Je la surprends là qui musarde
Tout-à-coup plus si tranquille
Comme un oiseau sur ses gardes
Elle endigue son flot si pur
Mais pour combien de temps encore
Car là-bas Dame Nature
A-t-ell’ planté le décor

Et j’eus l’illusion
Voudrez-vous le croire
Que sous ses gais tourbillons
Poignait le désespoir

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