La société du spectacle
maisdit
Il est bientôt 20h, je viens de finir mon pet, je ne trouve rien d'autre d'intéressant a faire que d'ouvrir un livre que j'avais acheté voici quelques mois « La société du spectacle » de Guy Debord, je ne savais pas encore que dés le lendemain ma vision du monde allait être plus clair, j'étais sur le point de découvrir une œuvre divine qui, comme « Ainsi parlait Zarathoustra », possédait un pouvoir biblique. Il y a de ces artistes qui ne sortent de leur plume que des récits prophétiques. Il faut savoir que lire complètement défoncé prend deux fois plus de temps, chaque phrase est un univers et chaque mot est une planète à découvrir. Le livre ne se lit plus mais se vit. Toutes les lettres sont alors à leur place et l'œuvre prend forme par delà les murmures de notre esprit. Les pages sont le reflet de l'auteur et de sa pensée, un reflet intact ayant traversé le temps et l'espace pour venir, bien des années plus tard, nous faire le constat du changement perpétuel de notre monde. Nous le sentons quand sa plume est en colère ou bien heureuse, nous nous écroulons sous le poids de chaque mot et nous nous relevons par la force de ses pensées. A chaque bouffée d'herbe que j'inhalais, a chaque page je tournais je m'enfonçais de plus en plus dans l'ambiance révolutionnaire de 68, du bouillonnement d'idées propre à cette époque et je pouvais presque m'imprégner des débats fous et excentriques qui animaient les rues parisiennes d'antan.
Mais certains artistes, comme Debord, ont se pouvoir de voir l'avenir dans le présent, de dessiner avec exactitude le portrait vieillit du monde qui les entoure. L'artiste a su entrevoir les extrêmes du système qui naissait devant lui, il a vu en ce bébé inoffensif le diable abject qu'il était sur le point de devenir. Debord nous parle du faux devenu vrai, de l'unité de la division, des acteurs du mensonger. Je lisais des termes qui éveillaient mon esprit et qui chatouillaient mon oreille. Il m'a fallu une nuit de sommeil pour que le lendemain je puisse enfin entrevoir l'œuvre dans son ensemble.
Il est 9h, café et bedo a la main, me voilà devant BFM comme tous les matins. Poutine gueule, l'Occident menace, l'Iran et Israël se chamaillent et les arabes du golf se tirent la tronche. Ambiance guerre froide disent-ils, ayez-peur ! Soyez-en colère ! Les voilas, vos ennemis ! En pointant du doigt nos semblables, ils sont différents et veulent imposer leurs différences, alors défendez vous !... Le genre de discours que nous entendons dans les deux camps, ce que les occidentaux disent des arabes, ce que les arabes disent des juifs et ce que les juifs disent des iraniens et ainsi de suite. Les peuples se révoltent et alors, malgré eux, les révolutionnaires deviennent des moutons à la solde d'un camps ou de l'autre. Je regardais les infos et avais l'impression d'assister a une partie de Risk mêlée a de la tragédie romaine.
Entre eux et moi se trouvait des medias qui servaient de planche de théâtre pour des acteurs venu jouer des rôles : Des politiques faisant semblant de ne pas être d'accord, des penseurs faisant semblant de penser et des idéologues en manque d'inspiration. Les grands de se monde rédigeaient des scenarios, et nous enfermaient dans des rôles. Un spectacle en perpétuelle représentation voilà ce que sont devenu nos sociétés modernes.
Qu'ils innovent un peu ! Nous le connaissons leur film, il a été mainte et mainte fois joué, depuis le temps que nous nous entretuons nous savons aujourd'hui comment cela se passe.
Je ne suis pas un prophète mais la fin je peux vous la prédire: Nos dirigeants vont s'engueuler encore quelques années, moutons que nous sommes nous prendrons parties et alors nous haïrons l'autre, avant que nos bergers se déclarent la guerre. Il y aura beaucoup de morts ensuite les vainqueurs écriront leur histoire, pendant des décennies nous chanterons leurs louanges et nous danserons leurs valeurs avant que viennent la prochaine tempête.
Nous avons tous froid et faim de la même façon et la levrette en Espagne et en Iran n'a de diffèrent que la cadence, que ce soit en Ukraine ou en Russie nous nous touchons tous le gland devant Youporn et xhamster. En Palestine ou en Israël le premier pétard de notre vie nous met tous autant HS. De partout dans le monde nous sommes pareils, ils veulent nous faire croire le contraire.
Tout cela, nous le savons mais hélas nous tombons a chaque fois dans le piège, les politiques nous demandent de ne pas être d'accord avec eux, les penseurs nous demandent de ne pas penser et les idéologues enfin nous ordonnent de nous prosterner. Depuis des millénaires nous sommes acteur et spectateur malgré nous de conflits entièrement scénarisés sur fond d'intérêt nous dépassant complètement.
Si notre ère devait porter un nom nous l'aurions baptisée « Société du spectacle ».
Merci :)
· Il y a presque 11 ans ·maisdit
bien dit
· Il y a presque 11 ans ·arthur-roubignolle