La terrasse de mes étés

eva-swallow

Je suis assise sur le muret de briques rouges, encore chaudes dans cette journée qui s‘achève. La maison de crépi blanc rosé se dresse derrière moi, et je regarde dans la rue le pas des passants. Ils rentrent de la plage, souriant et riant. Le ciel est bleu foncé, encore, pas un nuage à l’horizon. Je sens une légère brise dans mes cheveux, sur mon visage. Le soir s’annonce après la grande chaleur de l’après-midi.

Mon père est encore en bord de mer, à dessiner au pastel les couleurs vives de la Méditerranée. Ma mère arrive, les bras chargés d’un plateau supportant des coupelles d’olives, de tomates et de melon. Et un pichet du jus pressé des oranges achetées au marché ce matin. Je prends place sur le banc, dont la peinture s’est écaillée au fil de saisons. L’olivier du jardin me fait un peu d’ombre et de fraîcheur que je savoure. Je sens craquer sous mes sandales les brindilles et les noyaux d’olive.

Tendant la main, je décroche un citron, pour compléter l’apéritif. Mes frères arrivent et nous parlons vivement. L’un est allé faire du roller sur la promenade, l’autre est allé faire des châteaux de sable. Je raconte avec joie ma triomphante recherche de coquillages de ce matin, avant que la marée ne monte.

Que j’aime ces instants de paix, où il fait beau, où il fait chaud. Où toutes les couleurs sont vives et appellent à la vie. De la terrasse on voit le début du champ de tomates derrière la maison, et vers la ruelle que je regardais déjà tout à l’heure, les ipomées bleues, violettes et blanches, douces et délicates qui se déploient

Mon père revient, il nous montre ses esquisses du jour, un voilier sur la mer, deux enfants jouant avec un ballon, un couple promenant leur chien. La perfection des dessins me laisse sans voix, comme toujours. J’aimerais passer des heures à les regarder sur la terrasse, tout en dégustant olives et citrons du jardin. Mais mon père se lève pour aller préparer le repas et ramène ses chefs-d’œuvre à l’intérieur. D’ici une heure ou deux les voisins d’en face viendront dîner chez nous. Ce soir, nous pourrons encore manger dehors.

Avec mes frères et ma mère, nous entamons un jeu de société, un jeune garçon à peine plus âgé que moi, habitant le haut de la rue, passe nous dire bonjour. Nous le convions à la partie. C’est naturel, spontané. Ma mère lui demande juste de prévenir la sienne. Et nous commençons à jouer. Le sourire aux lèvres, la soirée ne vient que de commencer, là, sur la terrasse de mes étés.

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