La trouille.(1)

effect

Si avec du pain l'on fait des épices, avec de l'eau du vin... est-ce qu'avec du gel de la Corona ?


Il avait tellement mis ses yeux dessus que son éblouissement ne venait pas de la lumière autour, mais de celle qu'il s'était fabriqué par étonnement.

Il avait construit par sa propre pensée, un tableau dont lui seul connaissait, centimètre par centimètre, le détail exact de ses sous-couches et de ses contours. Il appuyait d'un orange vif en surface, les pétales d'une rose cachée de ses feuilles extrêmement vertes et piquantes ; d'un jaune citron un pissenlit boutonneux, quand sur des myosotis de parterre un peu fané, il ajoutait par petites touches de bleu complémentaire, quelques reflets vivaces. Les fleurs finissaient par se mélanger les unes aux autres, formant de tous ces éléments épars, un amas flasque de couleurs.

« Il est chouette ton bouquet mon chéri ! Tu es si précis, que si tu peignais nos chats sur leurs coussins, l'on pourrait sentir leurs ronrons et le mohair derrière» avait dit sa femme le visage penché sur son épaule.

On disait de Paul, que s'il arrivait à peindre la mort, qu'on pourrait presque la voir en face.

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