La visiteuse de prison.

… parce qu'elles s'emmerdent ferme dans leurs propres vies. (Ca fait chier les 200 caractères, mini. Pour les résumés. Je suggère à WLW de passer à 4659 signes pour les bavards.)

***

Une petite nouvelle, après avoir été drivée par l'association, pendant des semaines, va visiter son premier prisonnier. C'est un grand jour pour elle, le baptême du feu à se jeter à l'eau.

Ils ont déjà correspondu, par papier, uniquement, des lettres, du courrier à l'ancienne, quoi, si, si, vous savez, un échange épistolaire d'avant d'antan.

Le fait est, qu'elle aurait pu tomber, sur n'importe quel prisonnier, son malheur voulut qu'elle tombât sur moi, qui me refaisait une petite santé* à l'ombre du soleil, mais pas sous les palmiers.

Premier entretien.

Elle arrive perdu dans cet univers de barreaux, de cris, de sauvageries, de crasses bêtises et de crasse toute sale, tout court. Elle parait tant fragile, la petite, derrière ses grosses lunettes sérieuses pour se vieillir un peu.

-         Bonjour, monsieur Lénervé ! Dit-elle, d'une petite voix chevrotante de biquette mal assurée.

-         Bonjour, petite ! Ça va, gamine ?

-         Oui ! Enfin, moyennement !

-         Ne t'inquiètes pas, la bouffe est dégueulasse, ici, mais on est bien nourri. Je mange à ma faim.

-         Non, merci, mais je ne vais pas pouvoir rester déjeuner.

Neuvième entretien.

On se connait un peu mieux,  après avoir parlé de banalités d'usage, du jour de ses règles et du détail et la couleur de ses sous-vêtements, on approche, à présent, de sujets plus intimes.

-         Hervé, vous l'avez quand même étranglée, cette femme ! Que je sache ?

-         Oui ! Un peu.

-         Mais elle est morte ! Non ?

-         Oui ! Un peu.

-         Non ! Complètement. C'est la raison de votre incarcération préventive, ici.

-         Certes ! Maintenant, quand on étrangle une personne, il est assez rare, qu'on lui prenne le pouls, pour lui faire le bouche-à-bouche, après l'avoir occis, non ?

-         Oui, mais comme vous l'aviez bien violée, après ?

-         Certes ! Mais ce n'était pas un geste de premiers secours et bien ou mal violée, je ne sais pas, elle ne m'a rien dit.

-         Oui, mais vous l'avez aussi mangée, après ?

-         Tu n'aurais pas voulu que je la mange vivante ? Quand même !

-         Bien sûr que non, Ô my God ! Mais j'aurais préféré que vous ne la mangeassiez point du tout.

-         Elle était morte et mon frigo, vide. Puis l'amour, ça creuse, j'avais la dalle ! C'était un acte de survie, de légitime défense, dans ces cas extrêmes, on a le droit de manger de l'être humain, c'est même conseillé et recommandé par les Eglises ?

-         Je ne sais pas !

-         C'n'est pas si mauvais que ça, il faut juste savoir le cuisiner.

-         Mais vous l'avez mangée crue.

-         Oui, certes, mais je n'avais pas de four sous la main à disposition, cela ne fait pas de moi un monstre, pour si peu, non ?

-         Je ne sais pas.

-         C'est la première fois, que tu viens en jupes. J'aime bien tes fines jambes longues et galbées, elles me font penser à deux baguettes croustillantes, dorées au four. Je suis sûr qu'elles sentent bon la farine, le moulin et le cul de la meunière. Fais sentir, gamine !

-         Non ! Mais ça n'va pas, non !

-         Pourquoi, elles sentent mauvais ?

-         Non ! Pas du tout, voyons, je me lave plusieurs fois par jour.

-         Comme moi ! Mais par an, trois fois, pas moins.

***

Le temps a passé, il n'a pas de mérite, il ne sait faire que cela, le con ! Par contre, mon procès s'est très bien passé, lui.

Acquittement pour faute de procédures, (une faute d'orthographe sur la minute). Je vis, à présent, avec ma visiteuse de prison. On s'aime. Je l'adore. Hier soir dans notre lit, je la regardais tendrement dormir de son sommeil confiant d'enfant… quand la salive me vint à la bouche… la suite, ne fait pas de moi, un monstre, pour autant, quand même, non ???

Que celui qui n'a jamais été affamé, me jette la première bouchée.

*Vous avez vu, j'ai évité le cliché : « se refaire une santé à la Santé. » Par contre, je n'ai pas réussi à éviter d'en signaler la possibilité. Eh, on ne se refait pas en un jour, à Rome !