L'adieu
nyckie-alause
La journée promet d'être chaude. Les volets clos laissent apparaître des fantômes clairs de part et d'autres des fenêtres. L'impression d'abandon précipité des lieux provoquera une sorte de malaise disproportionné chez la femme qui s'approche.
Sonja vient de claquer la portière de sa voiture et ce son heurte l'air, sans écho. Quand d'un pas déterminé elle s'engage dans le chemin se lèvent à son passage des nuées d'insectes. Un inaudible brouhaha. Les herbes courbées indiquent le sentier, toutes dans le sens de sa marche, comme s'il se serait agi d'un aller sans retour. Elle ne ralentit pas pour regarder sa montre. Son mouvement de poignet accroche un reflet éblouissant sur le cadran et projette sur son visage une expression étonnamment douce.
Tout à coup elle prend conscience de sa solitude, du craquement des herbes trop sèches sous ses semelles, de l'absence de fleur, du silence, de l'épaisseur de l'air. De l'étrangeté de sa démarche.
« Pourquoi suis-je venue ? »
Le doute l'assaille.
« Il est trop tôt ou trop tard. Enfin ce n'est pas le bon moment. »
Elle se retourne pour regarder si elle n'est pas suivie. Elle a cru à un claquement, une portière, un choc contre la barrière. De son sac elle sort le trousseau et appuie d'un geste rageur sur la clef. Elle avait encore oublié. Les feux clignotent, un bip, les rétroviseurs se rabattent contre les portières.
« Je l'ai dit, je le fais… »
Elle reprend son cheminement vers la maison tellement silencieuse. L'air devient clair, léger. Malgré tout elle ne peut se défendre d'un sentiment d'oppression qui lui coupe le souffle.
« Sonja, lui disait-il autrefois, Sonja tu peux arriver à tes fins par des moyens plus élégants. Tu n'es pas obligée de forcer les choses ainsi. Quelquefois demander peut suffire… »
Il n'en disait pas plus, installait un silence pour lui permettre de réfléchir. Puis il reprenait. « Si tu me le demandes, je le ferai, pour toi et seulement pour toi. »
Les fenêtres dont les vitres ont bruni peinent à refléter son visage et, même la main qui tente un essuyage se noircit. C'est comme une croûte de lichens microscopiques, comme une gale, une maladie du verre.
Est-ce l'effort de la montée, son souffle s'interrompt et saccade après saccade, un hoquet débloque le diaphragme et l'air s'introduit en sifflant. Son visage, elle y passe la main et il se noircit à son tour. Un geste sur la poignée, ça force un peu et un relâchement s'opère, comme un adieu, sur le penne et sur la vieille douleur de Sonja.
ALORS là j'ai fait fort et j'ai honte : toutes mes lectrices ont eu droit au même commentaire… c'est parce que je les aime toutes
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause
Comme un exorcisme pour trouver la délivrance. J'aime beaucoup
· Il y a environ 6 ans ·ade
Et vous toutes qui me laissez un commentaire et moi qui tarde tant à me connecter. Merci de ta (votre) lecture
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause
Mais si, voilà ta réponse:))
· Il y a environ 6 ans ·Sy Lou
On a tous son propre chemin à refaire. Bien choisir son moment...
· Il y a environ 6 ans ·Toujours cette écriture evocatrice et prenante.
Sy Lou
Et vous toutes qui me laissez un commentaire et moi qui tarde tant à me connecter. Merci de ta (votre) lecture
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause
oppressant !
· Il y a environ 6 ans ·Susanne Derève
Et vous toutes qui me laissez un commentaire et moi qui tarde tant à me connecter. Merci de ta (votre) lecture
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause
Beaucoup d'émotions à te lire..
· Il y a environ 6 ans ·Maud Garnier
Et vous toutes qui me laissez un commentaire et moi qui tarde tant à me connecter. Merci de ta (votre) lecture
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause
Il est parfois indispensable de refaire ce chemin...sans doute pour se libérer quelque part ?
· Il y a environ 6 ans ·marielesmots
Et vous toutes qui me laissez un commentaire et moi qui tarde tant à me connecter. Merci de ta (votre) lecture
· Il y a environ 6 ans ·nyckie-alause