Laissez-moi du temps.

Christophe Hulé

Laissez-moi du temps s'il vous plaît. Vous avez l'air d'un type bien, je vous rassure. Mais enfin, j'ai encore l'âge d'écouter les conseils de ma mère.

J'ai déjà été piégée, autant vous prévenir. Pour moi, la vie est comme un gros bouillon, je vois plus ou moins des trucs remonter à la surface, sans savoir vraiment ce que c'est.

Ça vous fait rire évidemment, vous vous dites « quelle dinde » ?

Non, je ne vous fais aucun procès d'intention, comme toute personne sensée, je préfère imaginer le pire, enfin, être surprise plutôt qu'être déçue.

Vous m'aimez, là vous brûlez un peu les étapes, peut-on aimer quelqu'un dont on ne sait rien, ou si peu ?

A moins de ne penser qu'à l'amour charnel.

Je vous fais un nouveau procès d'intention ? Vous avez sans doute raison.

Comment ça une semaine ? Le délai est sans doute à minuit le 7ème jour. Vous faites dans l'administratif ?

OK, vous vous excusez beaucoup , mais vous remettez le pied dans l'plat à chacune de vos paroles.

Compliquée ? Vous voulez dire par là que je réfléchis ?

Une femme qui réfléchit, c'est compliqué c'est sûr !

Vous m'emmerdez à parler de procès tout l'temps, êtes-vous juriste ?

D'accord, on en reparlera plus tard, comme pour les duels, celui qui pense avoir été offensé choisit l'heure, l'endroit et les armes.


Non, je n'exagère pas du tout, vous manquez de patience c'est tout.

J'en ai connu des Don Juan, pardon d'être directe.

Comment ça je suis directe depuis le début ?

Dites-moi donc pourquoi vous m'aimez d'abord.

Vous séchez ?

Ne me faites pas le coup des beaux yeux.

Bon, on se revoit peut-être un autre jour.

Vous ne dites plus rien ? Et pourquoi vous pleurez ?

Mais non, vous n'êtes ni maladroit ni minable.

C'est moi qui suis trop dure, pour en avoir un peu bavé.

Allez on va chez moi, un homme qui pleure moi ça me bouleverse.

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