l'Amant Peine

Juliet

Ils ont soufflé tant de rumeurs
comme souffle un vent glacé.
Ils ont tué ma belle humeur
qui voulait tant t’enlacer.
C’était un peu aussi ta volonté
de faire la vérité à partir de mensonges.
Et je t’ai découvert si éhonté,
cannibale de toute la douleur qui me ronge.
Ils ont fait naître ma tumeur
car de moi tu t’es lassé.
Je suis devenu le fumeur
de ce qui peut délasser
un corps tendu par son âme.
Je ne te chercherai pas de preuves ;
tu les jetterais aux flammes
et je ne veux plus subir l’épreuve
d’un enfer fait par les démons
pour y enfermer les anges.
J’ai franchi des mers et des monts
pour me trouver dans la fange.
Jadis je craignais la solitude,
puis tu m’as libéré d’elle.
Aujourd’hui je crains la multitude
de gens qui me privent d’ailes.
Leurs délires ont été des ordres ;
le saigné est devenu le vampire.
Leurs désirs ont fait mon désordre ;
ces saigneurs ont tué pour un empire.
Il ne peut plus arriver pire
alors j’ai tenté de les mordre,
mais n’ai pu devenir un vampire à mon tour.
Ils me veulent résoudre à mon sort ;
il faut un oiseau mort dans le nid des vautours,
mais j’espérais un nouvel essor…
Au moins je n’ai plus peur des fantômes :
je ne veux pas avoir peur de moi.
Au moins je me méfie mieux des hommes
et des mensonges qui font leur foi.
Tu as bien voulu que je sois coupable ;
étais-tu à ce point mort de faim
pour en oser m’allonger sur ta table
sur laquelle on me promit la fin ?
Je pense que tout n’était rien qu’un rêve
en ce temps où j’étais juste un innocent ;
le monde avait mon reflet et ma sève,
dès lors il a ce que j’ai perdu de sang.
Et le mensonge est un éternel rôdeur
qui ne se nourrit que du vivant.
Et en apposant sur lui sa propre odeur
il rend le plus pur si décevant…
Et le relent partout se propage
pour devenir un gaz asphyxiant.
Il met comme un arrêt sur la page
la plus raturée de l’inconscient.

C’était un peu pour ma défaite
que ta bouche accueillit les mots du menteur.
C’était pour me faire ma fête
que tu en fis d’un roman d’amour l’auteur.
Tu fais semblant peut-être avec aisance,
pourtant moi je suis sincère avec souffrance.
Et puisque tu chéris ta médisance,
je vais haïr jusqu’à tuer mon errance.

(écrit le 5 août 2013)

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