L'amour à bord

 Je suis le commandant d'un navire

Qui porte le doux nom de femme.
Je le fais voyager à loisir
Sur l'océan de mes désirs.

Sa peau luit comme le tek
Sous la caresse de l'eau salée.
La voilure de son sein s'est gonflée
Sous mon haleine veloutée.

Je suis le seul équipage
Pour le mener à bon escale.
Je dois veiller sans partage
A lui tracer le bon sillage.

Je navigue au près serré
En corps à corps avec le vent.
Je suis dressé comme la vigie
Aux aguets de la terre rêvée.

La proue a un visage d'ange
Dont le regard me dévisage.
Je suis tendrement enlacé
Auprès de ses secrets, serré.

Je sens le navire frémir
En lui insufflant ma poussée.
Doucement il me supplie
De le diriger sans quartier.

Je tiens la barre avec vigueur
Pour empêcher la dérobade.
Elle pourrait bien nous engloutir
Dans le tourbillon de nos coeurs.

Le navire prend de la vitesse,
Cinglant grand largue de vague en vague.
Sa chevelure s'épanche au vent
Fièrement, bravant le grain du temps.

Je ne sais pas, du commandant ou du navire,
Qui des deux est encore le maître
Nous vibrons tous les deux dans l'étreinte,
Qui nous arrache de longues plaintes.

Alors vient le moment ultime
Où, vent arrière, je prends le cap.
La régate sensuelle éclate alors
Dans une écume de nacre blanche.