L'arbre et le ressort.

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On entamait les restes. On collait bout à bout, l'orange, le vert et le boudin comme un arc en ciel. Ceci n'est pas un conte.

On faisait du ski à la perche et du tennis au filet. On montait nos meubles en 48 heures chrono et l'on terminait nos idées en moins de temps que prévu sur les plans. 3 planches et 12 têtes de vis en plus n'auraient servi à rien.

Nous avions pour assez de quoi chauffer notre maison avec enthousiasme. 5 stères de bois tous mélanges nous suffisaient amplement à faire monter la température jusqu'à dans les coins. On nous en conseillait 8 pour un meilleur résultat, mais je doutais de l'énergie du bouleau et de la sève du pin.

Lorsque le vent venait d'ouest, nous allions au cinéma. Le cinéma était encore un endroit où il faisait chaud bon vivre lorsque la maison paraissait froide à souhait. Parfois, je me demandais s'il n'était pas un refuge de haute montagne, tel cet abri qui apparaît lorsque l'avalanche se déclenche.

Le froid dans une maison, c'est autant qu'un Belmondo dans l'As des As ou qu'un James Dean dans la Fureur de vivre : les deux servent de prétexte à fuir la pizza froide ou les Balkans du Monténégro, tant la coordination des travaux pèche sur les scénari:

"C'est Gérard ? Gérard Depardieu  qui l'a fait ?"

"Non, Gérard l'Oury ! T'as la bicyclette garée au fond de la cour, ou bien ?"

"Ben j'essaye de comprendre ! Tu raccourci tellement tes propos, que faire déglutir ta pensée reviendrait à faire dégorger un escargot  avant son âme ! C'est comme si moi je devais affronter Buzz dans une course de bagnole !"

"Buzz l'éclair ?"

"Ben non, Buzz Gunderson ! L'ex à Judy ! T'as toute la lumière de Nicholas Ray, ou quoi ?"

Le cinéma était entre nous, une chose difficile à comprendre. Il faisait faire des histoires, là ou il n'y en avait pas. L'ennui aurait été plus simple. Il se regardait selon la météo, plus aisément dans une paire de jumelles sous la grande ourse, que dans un indice d'UV à la Grande Motte.

Nous paraissions plus animés qu'un dessin de Tex Avery parce que notre colère se simulait plus facilement sur nos bouches, que dans un arbre monté sur un ressort.

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