L'attachement

Hervé Lénervé

J'en ai fini avec les histoires malsaines, à force, cela va nuire à ma réputation.

Tout le monde va me voir comme un vieux satyre pervers, lubrique, obsessionnel et malfaisant, courant les rues, la nuit, nu sous une cape noire, tel un vampire assoiffé de sang. Ouah ! Si ça fait pas peur, ça ? Après, il n'y a plus que « Massacre à la moissoneuse-batteuse. » Je ne sais pas si vous l'avez vu, ça déménage ! Mais la moissoneuse-batteuse n'est pas à son aise dans les escaliers. Tout ceci pour dire que maintenant mes histoires seront de la guimauve à l'eau de rose.

Alors, c'est l'histoire de la petite Céline... Oui, je sais, j'ai déjà utilisé ce prénom pour une héroïne, qui se faisait violemment violée et atrocement massacrée à la fin.

Donc, par respect pour la défunte, je vais prendre Lulu.

Alors, c'est l'histoire de la petite Lulu qui habitait une maison joyeuse entre ses parents aimants et son frère impuissant et homosexuel, c'est plus sûr. C'était, chaque jour, que Dieu fait, une bénédiction, le bonheur assuré tous risques à la maison du bonheur. Une symbiose de joie à la guimauve macérant dans une sauce d'alégresse.

Or, un jour, La petite Lulu voulut un animal de compagnie. Elle le réclama, à cor et à cri, à ses parents, qui en bons parents n'y virent pas d'objection, pour peu qu'elle s'en occupe, elle-même.

Si bien, qu'un cochonet entra dans la maison du bonheur. C'est mignons, les petits cochons, c'est affectueux, ça s'attache et on s'y attache. Mais, ça grandit et ça devient moins mignon, mais toujours autant attaché. Ca devient aussi, une truie ou un vérrat et pas de bol, ici, c'était un verrat.

Je rappelle que le verrat est un porc mâle reproducteur. Et le verrat de Lulu était très attaché, il en était obsédé, il était amoureux.

Aie ! Aie ! Aie ! Non, ça ne va pas recommencer ! Le verrat de Lulu sera attaché, du matin au soir, à un pieu au centre du jardin comme Œdipe enchaîné par les pieds sur le mont Cithéron. Point barre !

Sauf qu'un jour, la corde qui le reliait au pieu céda, pas celle d'Œdipe, celle du verrat, juste au moment où il voyait la petite Lulu en tenue légère gambader dans les près.

Bon, là, il faut utiliser les grands moyens (faudrait savoir ?)

Un chasseur, passant par là, prit le verrat pour un sanglier et le prit dans la ligne de mire de son fusil, car sa moissonneuse-batteuse était en panne et BANG !

Il y aura du cochon au menu, ce soir. Même si la petite Lulu n'en mangera pas, car elle aussi était amoureuse de son beau cochon.

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