le briquet

Hervé Lénervé

C'est l'histoire d'un briquet qui ne s'allume pas.

C'est ennuyant, on se dit, c'est une panne de gaz. Pas grave, il y en a d'autres. S'allume pas non plus, un troisième pareil. Au bout de combien de briquets qui ne s'allument pas, par panne de gaz, le gars va se dire, , « Là, y'a un truc qui cloche. » Voilà, ce gars-là, a l'esprit scientifique. Il s'interroge. Vous ne pouvez pas comprendre, vous n'êtes pas fumeur.

Donc, le fumeur scientifique, doutant de la corrélation relationnelle de cause à effet entre gaz et pas-flamme, chercha une autre explication.

Mais pas comme les philosophes qui ne cherchent que dans leur tête. Ils s'introspectivent, une multitude de briquets, dont l'essence même est la flamme, tombés concomitamment en panne de gaz, c'est rare ?

Bien, mais ils continuent à s'introspecter plus profondément en solipsismant : « La raison en est fort simple, « Tout ce qui est rare est cher. Mais un briquet n'est pas cher, donc, rare n'est pas rare. »

Voilà l'exemple type qu'il ne faut surtout pas faire. Ne jamais lancer d'affirmations péremptoires avant de déjeuner. Alors que le scientifique ne prend cette assertion que comme une hypothèse de travail qu'il va falloir vérifier par expérimentation.

Bon, expérimentons l'hypothèse nulle : « Rare n'est pas rare ».

avec le labyrinthe pour les rats, ça ne marche pas. Les boites de Skinner, pas mieux. Qu'est-ce qu'il nous reste, sous la main, un thermomètre, c'est notre homme !

Oui, car sans contexte on ne peut pas expérimenter. Le contexte étant que le gars scientifique voulait fumer dehors, pour des raisons qui m'échappent, en se cachant de sa femme, pour des raisons que je comprends fort bien. Il avait des briquets dans un abri de jardin. Or grâce à notre thermomètre nous savons, à présent, que la température y était négative. Or, comme l'eau, le gaz gèle et quand le gaz gèle, il ne pue plus, certes, mais n'allume plus, non plus.

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