Le cavaleur

Hervé Lénervé

J’étais en cavale depuis treize jours, poursuivi par les chiens.

J'avais traversé des marais pollués d'alligators. Traversé des forêts infranchissables. Traversé des barbelés piquants. Mangé du sanglier vivant en courant... et j'en oublie.

J'avais bien droit à une petite pause, non ? Quand même !

Donc, je me pose, un instant, sur un tas de foin pour m'assoupir du même temps que l'instant. Oh, je n'ai rien à craindre. Je sais que mon cerveau est en alerte rouge. Il monte la garde. Brave chien de... euh... de... euh... de garde, tiens !  Je le cherchais Médor Adolf. Au moindre bruissement de bois mort et surtout à l'injure qui suit. Il me réveille, aussi sec ! Recta, verso !

Il faut dire qu'il a été à bonne école avec moi. Trimballé dès son plus jeune âge dans de terribles aventures. Ah, ça, il en a vu, ce cerveau-là avec moi. Je lui en ai fait voir de toutes les douleurs. Alors, ne soyez pas surpris qu'il soit aguerri à ce genre de situation de crise périlleuse.

 

Bon, les flics m'ont pris en plein sommeil. Le profond, celui qui oblige à plusieurs paliers de décompression. Mais quel con, mon cerveau ! Ce n'est pas professionnel, ça frise l'incompétence. D'ici à ce que je me le vire, celui-là et sans indemnités, y'a pas long !

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