LE CIEL EST BLEU

Apolline

Un voile vient de tomber. Aujourd'hui, Francesca va écrire comme elle ne l'a jamais fait. Elle va rédiger une lettre où seront rassemblées ses pensées sanctifiées descendues dans  le règne profond de son cœur, avec ses mots qui deviendront des actes, des actes à autoriser, à placer sous la lumière d'un jour nouveau. Pour que chacun regagne sa place, combien même des larmes déchirées séparées couleront, d'abord troublées, puis s'éclairciront bleutées de plus en plus transparentes, au gré d'une lune de plénitude. Francesca possède tant de choses à lui dire, des choses de la vie qui pourraient se serrer dans une boite de Pandore, s'étourdir dans une boite à secrets ou encore dans une boite de chaussures où tous ces pas, ces faux pas l'auront conduites à cet envol majeur.

Francesca tremble et puis s'arrête face à la flamme de la bougie qui vacille à son tour. Elle va commencer cette lettre. Elle espère tant la lui remettre mais sous un autre horizon peut-être. Faut-il se dire : « It's the life ! »  Oui, sans aucun, AUCUN doute ! C'est ainsi qu'elle va lâcher ses premiers mots, comme on entame une part de gâteau maison avec ce fervent cadeau ; et tout ce qui suivra, se tracera étoilé comme un don essentiel issu de l'Amour infini qui les unit.

« Quand le ciel est  bleu, il ne faut pas l'effacer. Je t'en prie, QUITTE-MOI. »

Francesca lève soudain ses grands yeux nostalgiques. Elle semble voir glisser un grand voilier,  puis disparaitre dans le lointain. L'eau de la mer de Beaufort est lisse, si lisse. Juste un vent léger avec le soleil levant pour lui caresser tendrement le visage, bercer son ventre… Une feuille d'érable tombe à ses pieds. Elle peut désormais poursuivre sa correspondance.


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