Le coeur en bandoulière

ipanema

Nouvelle

 

Comme tout rendez-vous important celui-ci en était un – mais je l'ignorais - jusqu'à ce qu'elle apparaisse…

Ce dimanche matin-là, me voilà embarquée dans le premier métro avec pour objectif ultime : aller chiner Porte de Clignancourt.

A mon arrivée, il y en avait ; des stands, des tas de chaussures, de fripes, des bric- à- brac en tout genre.

Je déambulais au milieu de ce tumulte coloré créant mon itinéraire de chineuse en quête de je ne sais quoi ? - l'introuvable – ou qui sait – peut-être la perle rare ?

Au gré de mon chemin, je finissais par dénicher un foulard imprimé; souvenir ramené de Capri par une amoureuse éperdue, quand soudain, ma main fouineuse extirpa d'un amas de tissus enchevêtrés, celle qui, de la pointe de sa manchette aiguisa ma curiosité.

C'était « elle », oui, là, posée devant moi, avachie, raplapla, froissée, malmenée au milieu des autres fripes – Ma Robe – celle qui allait me faire resplendir de mille facettes lorsque je la porterai.

Toute simple, d'un coloris moiré dans des tons de jaune, sa coupe et son style année 50 m'ont séduit immédiatement.

Illico, je la plaquais sur moi, vérifiais qu'elle ne portait pas d'autres « égratignures » du temps en plus de tous les faux plis de sa position au beau milieu des autres congénères et rapidement je décryptais sa fiche généalogique : la composition, qui révélait la présence de soie –un atout supplémentaire qui me conquit –c'était magique – je m'y voyais –avec Elle !

Un vrai cou de foudre !

Ainsi, ma robe était prête ou presque, pour vivre sa nouvelle vie à mes côtés.

Après avoir survécu à un beau lifting opéré par un passage au pressing ainsi qu'une ou deux séances de réajustement « couturier » pour faire corps avec sa « dénicheuse », elle était enfin à moi !

Sa première sortie officielle fut un cocktail au Jardin d'Eté à l'occasion duquel elle fit le meilleur effet, pour mon plus grand bonheur !

S'ensuivirent depuis bien des occasions de sorties. Elle est La Robe de ma vie.

Mais que serait l'histoire de la rencontre avec cette Robe si tout s'arrêtait là d'un coup. Elle vit comment, elle fait quoi, celle qui porte la robe de sa vie ?

Elle balade son cœur en bandoulière au hasard des rencontres parfois hasardeuses parfois ….un peu capricieuse !

Comme un jour ordinaire de flegme, c'est Paris, le ciel est gris – mon cœur estau vert envers et « contre-quai ».

Arborant la robe de ma vie assortie d'un cabas aux couleurs printanières, je déambule au milieu des étals du marché sur le Boulevard.

Ca et là, je glane quelques douceurs sucrées-salées, promesses délicieuses et élégantes dans leur écrin mordoré.

Mes pas gourmands me conduisent à débusquer mon club-sandwich favori accompagné d'un assortiment de macarons aux parfums étonnants et aux saveurs délicates. Pas vraiment original mais tellement gourmand.

Après une dernière halte « gourmet(te) » à quelques pas de là, j'aperçois les grilles du jardin du Luxembourg et son portail aux battants grands ouverts comme de grands bras accueillants, qui voudraient signifier que l'heure du fin banquet a sonné pour ses hôtes les plus chers!

Pénétrant dans ce havre de beauté et de verdure, à l'abri du tumulte urbain, je découvre l'endroit le plus propice pour déguster ma pause gourmande.

Alanguie sur la plus belle chaise du jardin, sous les ombrages odorants d'un citronnier ou d'un tilleul, seul le bruissement des pas des promeneurs viendra ponctuer le tempo lascif de ce moment privilégié de gourmandise et de quiétude dans mon jardin de Parisienne en quête de « vertitude printanière ».

 

 

 

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