Le compte de mes Amis

Jean Claude Blanc

solidaires mais pas trop, se frotter au malheur porte la poisse mécomptes de Noël, en guise d'étrennes

                          Le compte de mes Amis

C'est quand on est dans la panade

Qu'on fait le compte de ses Amis

Ne sont pas foules, ces camarades

Quand frères, parents, eux, se défilent

 

Ces quelques mois de solitude

Par expérience, m'ont appris

Les bons disciples, comme de coutume

Philosopher, ça leur suffit

Mettre les mains dans le cambouis

Serait vraiment, leur faire injure

 

Au fil des jours, s'effilochent

Mes relations, partent en brioche

Suis-je malsain ou bien maudit

En tous les cas, je pose soucis

 

Finalement, c'est pas plus mal

Je trouve même ça normal

De me tenir à l'écart

Des bienfaiteurs, aux gestes rares

 

Du haut de mes montagnes austères

Prêche vainement dans le désert

De mon village à Compostelle

N'y a qu'un pas, vers l'Eternel

Tous solidaires, c'est qu'un rituel…

 

De mes emmerdes, je me dépêtre

Surtout ne laissant rien paraitre

N'ayant confiance, qu'en moi-même

A ma façon, je romps la chaine

 

Rejoins troupeau des sinistrés

Des vieillards, des handicapés

Hélas, mon sort m'a rattrapé

Personne pour moi, va défiler

 

Ce qu'on a pu faire du foin

Pour sans papiers et clandestins

Suis pas à plaindre, demande rien

Je parle, au nom de mes copains

Plus que tout autre, citoyens

 

Réactionnaire, je connais l'air

Etant coché case facho

Moi, qui pointe chez les libertaires

On charge ma muse, d'un lourd fardeau

Mais c'est pas marqué rigolo

L'humanisme commence à me plaire

On juge les Hommes, sur leurs actes

C'est un slogan qui peut fâcher

Les conseilleurs, maitres oracles

Et le grenouilles de bénitier

Pour qu'ils agissent, faut les prier

 

Mon amertume, j'ai dépassé

Déçu, vexé, mais pas mortel

Tendre la main, pure charité

D'un coup de fil, signe fraternel   

 

Les initiés, n'ont rien compris

Pourtant gavés de théories

Mais authentiques faux amis

Me tournent le dos, déjà m'oublient

 

Je tire un trait, sur mon passé

Seule thérapie pour pas crever

Et en remettre sur mes terres

Rafistoler, ma garçonnière

Parait, bonheur y est caché

 

Abandonné, mal pour un bien

Vais rebondir, encore plus haut

Leçon de vie, pour mon destin

Brin solidaire, mais pas trop

Enfin pigé, candide, clampin

 

J'ai fait le vide, autour de moi

A mon insu, oiseau de proie

Me fréquenter, serait risqué

Je pourrais vous contaminer

 

Ne vous frottez pas au malheur

Ça porte la poisse, même on en meurt

Plus belle la joie dans les foyers

Coupe de Champagne, grande cheminée

En se souhaitant la bonne année

 

Pardonnez-moi, ces quelques larmes

C'est pour les miens, les crèves la faim

Que je m'alarme, avec mes armes

Plume aiguisée, vers assassins

 

Je compte les pieds de mon poème,

Mais certains chiffres posent problèmes

Le 3, le 13, ça parait pas

Un nombre en moins, un homme de peine

Sauteries diverses, singe en hiver

Le mendigot endure le froid

Il a les boules, de neige, beiges          JC Blanc    décembre 2014  (vers solitaires)

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