Le cordonnier, le facteur et le clown

Gabriel Meunier

"Il n'y a pas de sots métiers, que de sottes gens". Pouvons nous déduire la grandeur ou la mesquinerie d'un métier à sa notoriété, à son rôle social et aux risques assumés ?
Cordonnier


Savetier autrefois bouif en argot

Tu réparais galoches brodequins et bien des chaussures.
Les escarpins relevaient rarement de ta mission
Celle de soigner nos chaussures prothèses
Prolongements inférieurs de nos corps
Qui protègent les chairs des pavés
vils caniveaux de l'existence

Ta minuscule boutique chaleureuse et intimiste
tranchait avec ton aura de simple cordonnier.
Odeurs de colle de cuir de teinture
Bruits feutrés d'un travail manuel.
Passage d'amis ou de voisins
Rarement nouveaux clients
Tous prenaient une chaise
Colportaient volontiers
Grandes nouvelles
Petits potins
Drôles
ou
Tristes


Sans bruit les plastiques frappèrent un premier coup terrible
Les machines pour les façonner n'offrirent qu'un répit
Du lundi au samedi métro matin métro le soir
La clé-minute devait sauver l'artisan
Mais portable puis QR code
Auront ta peau cher bouif
Après le synthétique
L'électronique
Sera fatale

* notamment des religieux

Le facteur

Par ses lettres de cachet
Louis XI envoyait petits et grands opposants au cachot
Le Hutin faisait d'une pierre deux coups : il assurait son pouvoir et inventait la Poste
Et pendant longtemps sémaphores télégrammes fax et tutti quanti ne furent que mauvaises nouvelles

Qu'il pleuve qu'il vente
De ruelles en chemins creux
De banlieues en fermes isolées
L'heure de gloire du facteur arrivait

Veuves jeunes ou ridées
Apres la Grande Boucherie
Les campagnes deviennent féminines
Le préposé connaît tous les prénoms et fêtes de la commune

Rose ?
Bouquet des champs ?
Fleur et prénom féminin
Midi sonne ; ce sera pur bonheur
Mais cette époque bénie ne dure pas


Epidémie ?
Electronique ?
L'heure est morose...
Télétravail pour les facteurs ?
Nous lirons vos lettres et vous appellerons!
Si quelque chose est important c'était Jour de fête
C'était il y a bien longtemps depuis c'est la Mort du facteur



Le clown


Si le cordonnier protège et soigne les pieds, 
le facteur la tête (pensons aux lettres d'amour !)
les clowns soignent-ils l'esprit ?

Romanichels
fiers de montrer un ours
refoulés sur la place de villages perdus
cirques de quartier baraques de foire en banlieues.
Ce jour là entassés sous chapiteau les enfants rêvaient
un vieux lion une écuyère mystérieuse et lointaine le clown
leur suffisaient pour le souvenir d'un bonheur simple et partagé

Clown.  L'emploi d'un terme étranger étonnait peu
même si le dictionnaire des synonymes
référence une vingtaine de mots

Les choses ont changé.
Bonimenteurs et amuseurs,
apparaissent sur la scène sociale.
Détresse physique morale échecs impasses
avenir noir pour la jeunesse isolement des personnes âgées
conduisent de plus en plus  à faire appel à des clowns médecins.

Le clown est rarement liés à une situation professionnelle
que ce soit de prouesse (acrobate), d'amuseur public (bouffon),
de messager attendu (baladin), d'artiste (comique, pitre...)

Le clown n'est ni triste ni gai ou les deux à la fois
indépendant il s'identifiait et se fondait dans le cirque
sans matériel couteux loin des prouesses sportives ou des bateleurs en dehors de quelques nippes peu d'investissements matériels
juste
un nez rouge !

Un clown n'est pas un clone.
Postures dires et visage souvent figés, font passer du rire aux larmes du chagrin à un pur bonheur lunaire
d'une l'inquiétude la plus noire.
à une béatitude naïve


Fort de ces caractères particuliers le clown approcher avec bonheur enfants malheureux et pensionnaires d'EHPAD, ces relégués de la souffrance. Car si le clown n'attend rien, il peut offrir pleinement ces quelques minutes hors texte, hors matériel, hors du temps.
Elles deviennent alors une incroyable bouée de sauvetage.

Cette perche tendue à l'enfant pour échapper aux eaux glacées
Que peut-elle pour les adultes ces éclopés de la vie ?
Leur esprit est accaparé par les rides naissantes
les dettes et les traites à payer.

Grock
né en Suisse, sans doute un des plus grands clowns du monde
était aussi une sorte d'homme d'affaires pour le moins avisé
mais son attitude ses vêtements et son langage
n'exprimaient pas la quête de réussite.
Elle est de plus en plus dominante.

Preuve de plus que les moyens de rire et surtout de faire rire
ne sont pas dans la corbeille de naissance des pauvres
des générations de sueur de labeur au smic mènent
à une révolte absolue ou à l'intériorisation
de belles...ou monstrueuses valeurs

Aujourd'hui une politique de l'oxymore permet bien des pirouettes
Rire de sa propre misère n'est pas donné à tout le monde 
S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !
                                                Marie Antoinette
A ce moment elle avait le choix


  • Le texte sur le clown est complètement changé...
    Merci pour le retour !

    · Il y a presque 3 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

  • Des clowns émouvants mais qui, en hommes d'affaires avisés, ne perdent pas la tête....comme Marie - Antpinette

    · Il y a presque 3 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Bien jeté !
      Mais Grock n'est pas le seul représentant des clowns...
      Lire Légende et histoire du cirque de Laurent Auguet (Flammarion)

      · Il y a presque 3 ans ·
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      Gabriel Meunier

    • Bien jeté !
      Mais Grock n'est pas le seul représentant des clowns...
      Lire Légende et histoire du cirque de Laurent Auguet (Flammarion)

      · Il y a presque 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

    • Bien jeté !
      Mais Grock n'est pas le seul représentant des clowns...
      Lire Légende et histoire du cirque de Laurent Auguet (Flammarion)

      · Il y a presque 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

  • Cordonniers. L’artisanat se meure tranquillement derrière les startups.
    Facteurs. J’ai fait en randonnée, plusieurs tournées de facteurs en Corse et sur le continent, 3 à 6 heures de marche, par tous temps, pour distribuer parfois une malheureuse carte postale, disant que le soleil brille ailleurs, à une ferme isolée.
    Clowns. La phrase de Marie Antoinette ne manquait pas d’humour. Le peuple affamé a choisi de n’y voir que fatuité. :o))

    · Il y a presque 3 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Et je n'ai pas parlé du meunier du village. :o))

      · Il y a presque 3 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Intéressant ! Il y a sans doute un caractère monacal chez ces premiers "facteurs" (= factotum)
      Ceux qui pensaient aux fêtes à souhaiter étaient souvent gratifiés d'un tendre baiser...
      Quant au meunier, était-il chargé de réparer les corps, les têtes ou les âmes ? Je ne crois pas, et souvent ils ont spéculé...! Tristes sirs !

      · Il y a presque 3 ans ·
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      Gabriel Meunier

    • Il n'a pas "choisi" !

      · Il y a presque 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

    • As-tu lu "Une ardente patience d'Antonio Skarmeta" ? L'histoire d'un jeune facteur n'ayant pour "client" que Pablo Néruda émaillée de poèmes ...https://www.youtube.com/watch?v=PytzfJZTf7M

      · Il y a presque 3 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • ou pour occuper le facteur,
      une occupation pas banale
      contruire un palais
      en pierre et en ciment :
      pour le monde parfait
      et atteindre le bonheur,
      - on se souvient dorénavant
      du Facteur Cheval !

      · Il y a presque 3 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

    • Vidéo ? euh...il y a erreur non ?

      · Il y a presque 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

    • oups ! http://yspaddaden.com/2013/08/09/une-ardente-patience-antonio-skarmeta/

      · Il y a presque 3 ans ·
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      Susanne Derève

    • oups ! http://yspaddaden.com/2013/08/09/une-ardente-patience-antonio-skarmeta/

      · Il y a presque 3 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • Il me semble avoir vu le film tiré de ce livre ; la critique n'a pas été tendre sur le fonds (transposition de l'exil de Neruda du Chili à l'Italie...) Et surtout exit de l'ensemble de la dimension politique...
      Par contre j'ai retrouvé dans ce film je crois une partie de la musique du film "Le jeu du roi" (je rajoute, de Patagonie...) ; où ce n'est
      ni le droit du sol ni le droit du sang qui prévaut mais le droit de rêver ! Musique à retrouver en partie dans une bande son de La Bottega que je mettrai en ligne.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Autoportrait(small carr%c3%a9)

      Gabriel Meunier

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